Retour d'Istanbul, lieu toujours magique où se croisent l'Europe et l'Asie, la Mer noire et la Méditerranée, l'ancien et le moderne... Mais les Français n'ont pas la cote aujourd'hui : avec leur rejet du référendum sur l'Europe, on nous accuse ici d'être à l'avant-garde d'un mouvement anti-turc en Europe. Reproche justifié ou dépit amoureux ?
Istanbul n'est certes pas toute la Turquie, ni même la capitale de la Turquie moderne. Pourtant, l'air qu'on y respire est loin de clichés trop souvent véhiculés par notre presse. Progrès de l'intégrisme ? En profondeur peut-être, mais pas en surface.
Ma vision forcément superficielle car trop rapide n'a vu qu'un pays très occidental, très laïc, très émancipé sur le plan des moeurs et des femmes très, très dévoilées sur les publicités murales et dans les kiosques à journaux. Pas plus de femmes voilées qu'à Barbès et beaucoup moins qu'à Londres. Des femmes en revanche dans les affaires, dans la presse, et trop peu encore dans la politique - mais les femmes turques ont eu le droit de vote avant les femmes françaises.
Pour autant, les Turcs les plus évolués ne rejettent pas l'Islam, au contraire. S'ils rejettent le fondamentalisme, ils revendiquent des racines de culture musulmane comme d'autres leurs racines judéo-chrétiennes. Et nous font remarquer que les deux seuls pays d'Europe qui ont la laïcité inscrite dans leur Constitution sont... la France et la Turquie !
Une idée intéressante, émise par un dirigeant d'entreprise turc : conjuguer nos efforts, entre pays européens et Turquie, pour faire émerger un Islam modéré et respectant les valeurs laïques, un Islam commun à une communauté de quelque 70 millions de musulmans, le total des musulmans européens si l'on inclut la Turquie.
Une idée qui séduira ceux qui redoutent la contagion des franges extrémistes de l'Islam moyen-oriental et d'Asie et souhaitent l'émergence d'un véritable Islam modéré, mais une idée aussi qui risque d'alimenter les phantasmes de beaucoup d'islamophobes ! Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour rapprocher la Turquie de l'Europe.
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