Tout le monde se souvient de la panne de courant qui avait plongé New York dans le noir, il y a quelques années, et avait provoqué un mini baby boom neuf mois plus tard, car les New-Yorkais avaient été privés de télévision. Eh bien à Gaza, c'est la panne depuis des années. De télé, de cinéma, de tout et du reste.
Résultat, les femmes palestiniennes font plus d'enfants que les femme israéliennes, lesquelles ont davantage d'accès à d'autres formes de loisirs. Le taux de fécondité d'Israël est ainsi de 2,9 enfants par femme, celui des Palestiniennes est de 5,6.
Cette constatation, qui n'a rien de politique, est faite dans un excellent article du 18 août (merci, Libé) par le démographe Roland Hureaux. Il y a bien longtemps, le polémologue Gaston Bouthoul avait établi une corrélation entre pression démographique et pulsions belligènes.
Dans le cas présent, la constation est scientifique mais la conclusion politque : "il résulte de ces considérations - écrit Hureaux - que la survie à long terme d'Israël ne dépend pas seulement d'une pacification sur le terrain ; le développement économique des territoires palestiniens, et singulièrement de la bande de Gaza, est devenu une urgence : c'est la seule manière d'en assurer la normalisation démographique".
Le contrôle de la natalité n'est du reste pas un réflexe malthusien, au contraire, il est une clé du développement. La Chine, même avec des excès, a réussi sa révolution démographique qui a précédé - sinon permis - l'explosion économique actuelle.
Le démographe calcule qu'au rythme actuel, la population palestinienne aura rejoint la population israélienne - à 11 millions de chaque côté - vers 2035, ce qui sera explosif compte tenu de la répartition inégale des territoires.
"La seule manière que Gaza, dont la densité de population dépasse les 2.500 habitants au kilomètre carré, ne devienne un foyer hautement explosif au flanc d'Israël est d'en faire rapidement un nouveau Beyrouth ou un nouveau Hong Kong", conclut Hureaux en appelant à un déblocage urgent du port de Gaza, "car les fonds européens et arabes existent en abondance et l'esprit d'entreprise des Palestiniens n'a rien, historiquement, à envier à celui des Libanais".