Comme beaucoup, j'ai été défiler lors des grandes manifs anti-Le Pen aux dernières présidentielles, redoutant le racisme ordinaire des bons aryens ou à pas grand chose, souverainistes et populistes en guerre contre les populations issues de l'immigration.
Comme beaucoup, j'ai donc crié "première, deuxième, troisième génération : nous sommes tous, des enfants d'immgrés !" car il était évident qu'il y avait d'un côté une France frileuse, raciste et réactionnaire et, de l'autre, une France forcément généreuse et égalitaire, la France black-blanc-beur de Zidane et du Mondial.
Comme certains, j'ai aussi participé à certaines manifs défendant le peuple palestinien contre l'humiliation d'un nouveau mur de la honte, tout en découvrant les premiers dérapages de groupuscules islamistes expulsés par le service d'ordre pour leurs slogans ouvertement racistes.
Sans vouloir généraliser, car j'ai horreur des modes, des emballements de la presse et des mouvements de foule, j'ai été atterré par l'assassinat d'Ilan Halimi aux motivations ouvertement racistes, c'est désormais avéré. Pour autant, je ne considère pas que tous les noirs sont racistes, ou que l'antisémitisme est une forme de racisme à part - ceci est un débat trop ancien et trop polémique qu'il ne faut jamais ouvrir à chaud, ce qui est le cas.
Mais je suis inquiet de ce que le racisme apparaîsse là où on l'attendait le moins, dans les banlieues les plus défavorisées, ce que je ressens comme un échec de toutes nos politiques. Et je vous incite vivement à aller lire l'interview réalisée au printemps 2004 dans un lycée de la banlieue parisienne par le jeune Christophe Dansette, qu'il cite dans son blog (lien permanent ci-contre).
"J'ai entendu dire que des juifs ont brûlé deux mosquées à Aulnay sous bois" affirme un lycéen qui ajoute, en guise de preuve : "les médias n'ont rien dit". Car bien sûr, les médias font partie du complot. "Tout le monde le dit, renchérit un autre lycéen. C'est visible, le pouvoir est aux mains des juifs, ils sont les mieux placés".
On peut ne peut pas suivre l'approche résolument communautariste de l'interviewer, mais le témoignage est là, révélateur et consternant. On croirait la pire littératre vichyste, Gringoire ou Je suis partout, et ce ne sont que jeunes Beurs de banlieue ! Mais c'est le même vocabulaire insidieux, la même inculture grossière, le même mépris de la presse. Glaçant !
La France, patrie des droits de l'homme et de l'égalité des peuples, doit se dépêcher de ramasser le flambeau de ses valeurs : si ça continue, il n'en restera qu'un lumignon. Le racisme nous concerne tous.
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