Depuis la Bible, on sait bien qu’aucun rempart ne résiste au temps et à la ténacité. A coups de trompettes et de démocratie, même le mur de Berlin a fini par tomber en novembre 1989, et je ne pouvais pas ne pas signaler cet amusant dossier, insolite dans la revue « Armées d’Aujourd’hui », sous le titre « la tentation des murs ».
Approche historique et technique, dépassionnée et sans a priori politique, le dossier parcourt les murs à travers l’histoire et la géographie, de la grande muraille de Chine et du « limes » d’Hadrien, jusqu’au mur de séparation entre Israël et les territoires palestiniens occupés, en passant par les plus récents que sont la séparation entre les deux Corées, le mur dressé par les Marocains au Sahara occidental, celui qui partage encore Chypre, celui que les Espagnols ont édifié autour de l’enclave de Ceuta au Maroc ou encore la barrière renforcée entre les Etats-Unis et le Mexique…
Politiquement correct, c’est-à-dire sans prendre parti politiquement, décrivant techniquement les murs faits en béton, en clôtures, avec des radars, en champs de mines, le dossier suggère quand même que le mur est une « solution provisoire parfois nécessaire » mais qui ne fait que « déplacer ou aggraver la crise ». Et cite un chercheur au Collège interarmées de défense, Erice Chauprade, pour qui un mur quelle qu’en soit la forme « cristallise les tensions et renforce les rancœurs nourries par la privation de la liberté, l’humiliation d’être enfermé et le ressentiment que provoquent les complications de la vie quotidienne ».
On ne saurait mieux évoquer le vécu quotidien non seulement des populations laissées « au-delà du mur », comme les réfugiés africains et sud-américains chassés par la famine ou par le chômage, mais plus encore celles qui sont enclavées comme le sont aujourd’hui les Palestiniens.
Rappelant que la « barrière de sécurité » israélienne en Cisjordanie a été condamnée par la Cour internationale de justice aussi bien que par la Cour suprême israélienne, « Armées d’aujourd’hui » cite un autre spécialiste, Jean-Christophe Romer, du Centre d’études d’histoire de la défense (CEHD), pour qui « le mur est un système archaïque, car l’Histoire prouve toujours qu’il a été un échec et une illusion : tous les murs ont été franchis ou contournés un jour ou l’autre ».
Et comment ne pas voir plus qu’un clin d’œil à l’actualité dans cette publicité de France Telecom qui s’étale dans les quotidiens : « construire le monde demain, c’est faire tomber les barrières ». Les trompettes d’aujourd’hui, c’est la sonnerie des portables !
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