Une accolade n'est rien d'autre qu'une accolade, et d'autres poignées de main israélo-palestiniennes ont été historiques sans déboucher sur la paix. Mais les "retrouvailles" de Pétra, haut-lieu nabatéen en Jordanie, entre Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas, méritent sûrement plus que les quatre lignes que la presse leur accorde en enchaînant aussitôt sur les violences habituelles à Gaza.
Chacun dans son camp, le premier ministre israélien et le président de l'autorité palestinienne doivent se battre contre des oppositions massives et haineuses à tout rapprochement. Abbas, surtout, se bat contre les milices armées du Hamas qui essaient d'empêcher un consensus national palestinien sur la solution des deux Etats impliquant une reconnaissance d'Israël.
Encore et toujours, la Jordanie se bat pour cet impossible rapprochement, auquel ses responsables successifs, Aballah II après Hussein, croient avec une admirable persévérance. La présence aux côtés des participants à cette rencontre d'une cinquantaine de prix Nobel et autres personnalités engagées pour la paix est la poursuite d'efforts qui durent depuis une trentaine d'années pour tenter de réconcilier Israéliens et Palestiniens.
A cet égard, comment ne pas rendre hommage aux diplomates anonymes, en particulier les Norvégiens, qui continuent à se battre sans autre ambition que de contribuer à la paix mondiale, sans appétit de puissance ni volonté d'hégémonie ? Le remarquable livre de Roger Faligot, Les seigneurs de la paix, sorti au début de l'année, est à lire d'urgence car il retrace l'itniéraire et les efforts de ces soldats de la paix qui méritent bien plus de médailles que d'autres guerriers farouches aux victoires improbables.
Grand spécialiste des services secrets (notamment chinois et japonais) et des contacts clandestins, Roger sait de quoi il parle et déroule vingt ans d'enquête journalistique sur ceux qui, lorsque leurs efforts de paix aboutissent, ont la discrétion de ne pas apparaître sur la photo, mais contribuent à régler des conflits sans fin comme celui de l'Irlande du nord. Il faut relire les pages de ce livre sur la genèse des accords d'Oslo : côté palestinien, le discret négociateur, tenace jusqu'à l'aboutissement, était un certain Abou Mazen. Le nom de guerre - pardon le nom de paix - de Mahmoud Abbas.
Pétra n'est pas qu'un lieu touristique. Cette ville perdue dans le désert jordanien, à l'ouest du spectaculaire Wadi Roum, a été autrefois le carrefour prospère des caravanes allant de la Méditerranée à toutes les régions habitées jusqu'au Golfe persique. Caché au fond d'un canyon étroit, le "trésor" de Pétra rappelle le faste qui a marqué cette longue période de paix et de prospérité. Un beau symbole pour la paix au Proche-Orient, une nouvelle raison d'espérer. Plus de 23 ans après Oslo, Mahmoud Abbas construit encore la paix.
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