Dévoré les deux derniers SAS, « Le Trésor de Saddam Hussein – 1 & 2 », qui se lisent comme toujours d’une seule traite. Je n’ai pas de complexe à évoquer ce genre de littérature considérée comme une sous-littérature, car je suis sûr au mois de ne pas faire concurrence au blog de Pierre Assouline, que par ailleurs j’adore.
Mais si Gérard de Villiers est à la littérature ce que Bigard est au comique, ce n’est pas pour remplir un vide car la littérature dite vulgaire est déjà abondante dans tous les kiosques de gare. Même si son héros, le prince Malko Linge, éprouve lui-même une frénésie inoxydable à combler tous les vides et à pénétrer tous les orifices quitte à attaquer, ce qui est moins chevaleresque, par derrière.
Alors pourquoi lire SAS, qui n’offre de plaisir ni dans l’écriture, ni dans l’abus de descriptions porno-sado-monotones ? Parce que c’est, au sens propre du terme, du journalisme de première bourre. Gérard de Villiers, que je devrais finir par rencontrer, est un grand reporter et infatigable voyageur et ses descriptions de lieux ne sont jamais inventées, jamais prises en défaut.
En lisant sa collection de SAS, on voit évoluer physiquement Berlin, Bagdad, New-York et les coins les plus reculés d’Afrique. Le Beyrouth du dernier épisode est totalement actuel, les tensions sont bien celles du jour, de même l’ambiance à Damas, je suppose qu’il doit interviewer, repérer, recouper et remplir des carnets de notes en pattes de mouches.
Le trésor de Saddam Hussein n’a rien à voir, ou presque, avec Saddam. Il parle de la déliquescence de l’Irak d’aujourd’hui, mais de loin, et surtout de la survie des réseaux baassistes à l’étranger, des trafics qui se suivent et ne se ressemblent pas. Même dans la répétition des situations – le franc-tireur de la CIA lâché tout seul face aux terroristes syndiqués – le suspense reste fort et on s’amuse à le voir se sortir, toujours, des pièges les plus compliqués.
D’où vient cette déception, alors que je continue à acheter les nouveaux SAS aussi bien que ceux qui me manquent parmi les anciens ? Essentiellement de la linéarité des affrontements et de l’absence de profondeur des personnages. Les bons sont des bons, surtout s’ils sont Américains. Les méchants sont de vrais salauds, sans états d’âme et sans légitimité : normal qu’ils meurent toujours, et de mort violente.
La réalité est-elle aussi manichéenne ? Le journaliste des descriptions techniques n’est pas l'analyste le plus fin de la psychologie humaine. Ses personnages sont plutôt des personnages de bandes dessinées. Hasard ? La pub insérée dans le dernier SAS annonce justement la sortie des aventures de Malko en BD. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne nouvelle, pour la suite ses ses aventures. On risque de voir le cynique désargenté, prince flingueur mais avec des scrupules éthiques, devenir un méchant Rambo blond aux yeux d’or et perdre totalement son second degré. Dommage…
Commentaires