Si les Chinois sont de plus en plus tournés vers le modernisme le plus avant-gardiste, ce sont les touristes occidentaux, et surtout les collectionneurs, qui entretiennent la petite industrie des souvenirs de Mao Tse Toung, dont le portrait géant orne encore, imperturbablement, l'entrée sud de la Cité interdite, sur la place Tienanmen.
Casquettes vertes à étoile rouge façon Garde rouge, besace kaki Armée rouge, montre avec un Mao qui agite le bras en brandissant le petit livre rouge pour scander les secondes, c'est tout un bric-à-brac d'objets de culte à la gloire du Grand Timonier qui est offert à un public aujourd'hui essentiellement non chinois.
Les Puces de Pékin, le marché de Panjiayuan - à ne surtout pas manquer - aussi bien que le Bazar des jardins Yu à Shanghaï, sont pleins de ces objets mao-sulpiciens ainsi que d'affiches révolutionnaires dont la très grande majorité sont de fabrication récente.
Le plus spectaculaire, et pas forcément du meilleur goût, ce sont ces personnages et groupes de personnages en céramique rappelant la révolution culturelle prolétarienne et ses violences. Certaines scènes montrent un ouvrier avant-gardiste ou une jeune militante prolétarienne posant le pied sur un malheureux "révisionniste bourgeois", à quatre pattes avec sur la tête un bonnet d'infamie racontant ses "déviations capitalistes". De réelles petites horreurs, qui passionnent les collectioneurs occidentaux au point qu'un couple américain, expert de ces objets, leur a consacré un livre passionnant en précisant leur valeur estimée - en dollars, et largement au-dessus de ce qu'on peut payer sur place. Ils ont également un site original, avec une rubrique spéciale consacrée à ces souvenirs de porcelaine révolutionnaire...
L'un des plus originaux est ce Mao debout dans sa voiture officielle, une "Drapeau rouge", avec Lin Piao assis à côté de lui, son chauffeur et son garde du corps assis devant. Un énorme pavé en céramique pesant une dizaine de kilos et qui valait dimanche dernier 450 Yuans, soit 45 Euros, avant marchandage ! En réalité il fallait ajouter le double en frais d'expédition, donc la cote de 200 dollars n'est pas irréaliste.
Chez les bouquinistes, les affiches, petits livres rouges, ouvrages dre propagande, se trouvent par centaines. Mao voisine avec ses vieux copains Marx, Lénine et Staline, mais la demande n'est visiblement pas très forte.
Côté T-shirts enfin, Mao n'a pas autant la cote que Tintin, les groupes rocks ou le nouveau "Beijing 2008" pour les prochains Jeux Olympiques. Quant aux boutiques pour les jeunes Chinois, elles ignorent totalement l'orthodoxie et donnent dans une interprétation chinoise du manga japonais : Mao est loin !
Commentaires