Encore une fois déçu de la couverture insuffisante des médias sur la tournée européenne de Ségolène Royal, notamment la dernière étape espagnole, j'ai été fureter à travers les médias et blogs espagnols qui, par chance, sont nombreux et bien approvisionnés, y compris le site du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) : avant son entretien avec le premier ministre Zapatero, cité dans la presse, Ségolène a participé activement à un débat sur la parité hommes-femmes.
Invitée par le PSOE à participer à ce Forum sur l'égalité hommes-femmes, avec la vice-présidente du gouvernement Maria Teresa Fernandéz de la Vega et la candidate à la mairie de Valence Carmen Alborch, Ségolène a affirmé que si jusqu'à présent il y avait un "modèle suédois" à suivre en matière de parité, désormais l'Europe devait se tourner vers l'Espagne et "s'inspirer du modèle espagnol": "nous avons l'obligation de nous aligner sur l'Espagne" dans ce domaine.
Elle a ajouté que dans son propre programme pour les présidentielles, le PS français allait s'inspirer des lois mises en oeuvre par le gouvernement de José Luis Zapatero, en particulier la loi sur la parité hommes-femmes, la loi contre la violence faite aux femmes, et la loi sur le mariage homosexuel.
Pour autant l'Espagne n'en a pas fini avec le machisme, a reconnu pour sa part Maria Teresa de la Vega en disant que "si nous avons progressé, nous n'avons pas de raisons d'être optimistes". Car même si le gouvernement vise la parité, "le pouvoir économique, religieux ou judiciaire reste masculin".
Les témoignages échangés ont fait état de la même difficulté pour les femmes à accéder aux responsabilités politiques : en France, a dit Ségolène Royal, à peine 14% des postes politiques sont pourvus par des femmes et "chaque fois qu'il se passe quelque chose au gouvernement, on commence par en faire partir les femmes qui y sont". Cette inégalité, a-t-elle ajouté, se retrouve à tous les niveaux de la société et se constate notamment dans la disparité des salaires entre femmes et hommes.
Maria-Teresa de la Vega a remarqué à ce sujet que si la loi sur la parité avait d'abord "rendu du nerveux les responsables patronaux", ceux-ci commençaient à en "assumer" le contenu et, "au moins en privé, reconnaissent que là où il y a des femmes associées au management, les entreprises fonctionnent plutôt mieux".
Dans ce sens, j'ai fait une proposition afin que 50% des députés soient des femmes. Avec, en prime, une indispensable représentation des petits partis politiques, y compris d'un plus gros (même si je ne l'aime pas du tout, le F.N.) sans entrer dans les combinaisons automatiques ne s'appuyant sur rien de solide au plan des actions à mener.
Rédigé par : Jacques Heurtault | 01 octobre 2006 à 10:54
Je crois qu'il faut distinguer les deux choses. La parité des femmes est quelque chose qu'il faut encore imposer dans les pays de culture "macho", essentiellement nos pays latins et méditerranéens. Même si certaines femmes peuvent être vexées qu'on les traite différemment et entendent qu'on ne les favorise pas par rapport à leurs rivaux masculins, comme dans le cas de Ségolène. Dans certains pays nordiques où les hommes sont traditionnellement occupés en mer, comme l'Islande et, dans une moindre mesure, certains pays scandinaves et baltes, les femmes ont naturellement leur place dans la gestion politique, sans aucun besoin de les y pousser. Quant à la représentation des petits partis, c'est le discours sur la dose de proportionnelle qu'il faut remettre pour avoir une représentation plus équitable au parlement, sans toucher au scrutin majoritaire pour les présidentielles. Sur ce point je suis d'accord qu'il faut mettre fin à une contradiction qui est le filtre majoritaire imposé au parlement pour dégager un chef de l'exécutif fort, alors que l'exécutif est partagé entre le premier ministre et le président de la république : les institutions actuelles ne sont pas équilibrées, le débat est largement ouvert.
Rédigé par : pierre bayle | 01 octobre 2006 à 18:14