Parce qu'il n'est pas sur la bonne commune, un site architectural unique, la Cité artisanale de Sèvres, risque de disparaître du fait d'une erreur manifeste d'appréciation de l'administration, sur la Route des Gardes qui sépare Sèvres de Meudon.
Dans une partie encore très verte et préservée de la colline, il y a, à gauche quand on monte la Route des Gardes, côté Meudon, un site exceptionnel, classé monument historique : une série de constructions basses où l'architecte Jean Prouvé, premier concepteur des maisons individuelles à bas prix, a développé des structures métalliques, de tôle pliée et d'aluminium aujourd'hui connues dans le
monde entier comme "les maisons de Meudon".
Un site fréquemment visité par des touristes japonais armés de leurs appareils photo ainsi que par les étudiants en achitecture d'Europe et des Etats-Unis.
Mais qu'on ne peut découvrir de la route : il faut prendre une allée en contrebas pour apercevoir ces villas discrètes au départ conçues comme des logements sociaux et, aujourd'hui monuments classés, habitées par quelques heureux privilégiés, villas qui se fondent dans le paysage malgré le modernisme de leur dessin.
De l'autre côté de la route, côté Sèvres et à dix mètres à peine du site meudonnais classé et protégé, un autre site architectural exceptionnel est à moitié caché à la fois par une végétation envahissante et par les panneaux géants posés par le promoteur pour annoncer la construction d'un ensemble immobilier de prestige.
Cet ensemble, c'est la Cité artisanale créée en 1964-65 par le trio Candilis-Woods-Josic, formé par l'architecte grec Georges Candilis, l'américain Shadrah Woods et le yougoslave Alexis Josic, qui avaient été dans les années 1950 les élèves de Le Corbusier. Sur cette pente de Sèvres qui monte vers le quartier des Bruyères, ils avaient réalisé en bordure de bois un ensemble très original, tout en béton et en métal, parfaitement préservé malgré une surélévation en métal rajoutée en 1978 mais dans l'esprit de la construction originale.
L'originalité de cet ensemble, c'est une architecture dite proliférante : tout part d'un carré, le nombre d'or, un carré qui se développe en module, une trame carrée qui passe par toutes les structures, mise en relief notamment par le traitement esthétique des panneauxde béton.
Le trio Candilis-Woods-Josic a construit sur ces techniques un certain nombre de logements en région parisienne, notamment pour la Communauté d'Emmaus. Suivant en cela Jean Prouvé qui avait fait une "maison de l'Abbé Pierre". Des logements sobres, fonctionels, modestes dans les moyens et futuristes dans le dessin.
La Cité artisanale a connu des fortunes diverses, du fait qu'une société avait racheté les espaces et boutiques artisanaux pour finalement transférer ses propres activités dans le coeur de Paris, laissant la Cité à l'abandon. Seule une petite surface est encore habitée par Alexis Josic, l'un des trois créateurs aujourd'hui âgé de 84 ans, qui occupe quelques centaines de mètres carrés sur les 6.500 promis à la destruction.
Il étaient une cinquantaine, samedi matin, à venir redécouvrir ce site méconnu et menacé, à l'invitation de l'architecte de Sèvres Pierre Lagard qui a lancé une pétition pour sauver la Cité, reprise déjà par plusieurs blogs dont celui de l'ancien maire Roger Fajnzylberg : il y avait là plusieurs architectes, dont un architecte des monuments de France, le secrétaire général de l'association Docomomo (documentation et conservation des monuments modernes), le secrétaire de la section PS de Sèvres Jacques Blandin, plusieurs autres responsables d'organisations de gauche et environnementales, des enseignants, des Sévriens et des Meudonnais venus en famille.
Moustache en bataille, Pierre Lagard leur a expliqué l'enjeu, la valeur patrimoniale du site, son indignation d'avoir découvert presque par hasard les permis de démolir et de construire, posés discrètement sur le site en plein mois d'août.
Le débat entre visiteurs a surtout porté sur la responsabilité de l'architecte qui a autorisé la délivrance de ces permis, au mépris de toute considération pour ce témoignage exceptionnel de l'architecture contemporaine, lequel va du reste faire l'objet d'une prochaine publication sur Il Giornale di architettura de Turin.
Le problème, se désolait l'un des architectes, réagissant à cette sensibilité italienne à l'architecture et à l'art moderne, c'est qu'en France il n'y a aucune sensibilisation au patrimoine contemporain. Il faudrait inclure l'histoire de l'art et de l'architecture dans l'enseignement secondaire, comme on le fait justement en Italie.
Pour l'instant, et dans l'urgence vue l'imminence des travaux, avec un bureau de vente déjà ouvert sur les lieux par le promoteur, les architectes vont se mobiliser pour que l'information arrive jusqu'au ministre de la culture lui-même, Renaud Donnedieu de Vabres, qui n'est certainement pas au courant. Et quelqu'un suggérait de porter aussi à la connaissance de la MIQCP, la mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques, cette décision sans doute insuffisamment mûrie par le maire de Sèvres.
bonjour,
si vous connaissez de petits locaux artisanaux abordables a sèvres pour commencer une activité de décoration d'intérieure - je suis a la recherche de 30 m2 pour stocker matériel et ensuite pouvoir créer ... oui à Sèvres il y a encore des gens qui aimeraient pouvoir s'installer sans que cela soit prohibitif - le pays est sous les dettes parce que tout est trop cher et que l'on ne peut plus produire en France - sèvrienne depuis plus de 30 ans
Rédigé par : DELHOMMEAU | 06 novembre 2006 à 09:06
Messieurs les "Architectes en colère",
Combien je trouve pitoyable votre combat "d'arrière garde" pour conserver des laideurs, lesquelles étaient devenues de véritables casemates !
Laissez donc à "des personnes d'aujourd'hui", futurs habitants de l'ensemble immobilier "Le Bois de Beauvoir", la possilité de savourer en toute quiétude un beau paysage, celui de la Forêt Domaniale de Meudon.
Certains d'entre vous se prévalent de Monsieur LE CORBUSIER, mais en réalité, au regard de "vos oeuvres" encore présentes, vous n'êtes que de très pâles copieurs, enlaidissant nos villes et bien d'autres sites. Au point, maintenant, d'avoir permis la création d'une nouvelle activité celle de démolisseur ou "foudroyeur" d'immeubles/tours en béton.
En fait, au nom d'une certaine sociabilité, mais rétrograde, vous faites encore l'apologie d'un passé très sombre, comme les bunkers ancrés dans nos rochers... de très belles plages françaises.
Alors, Messieurs les "Architectes en colère" revenez dans quelques années et vous promener sur le site du Bois de Beauvoir pour y apprécier le nouveau "mieux vivre de Sèvres".
Je vous en remercie bien vivement.
Christian CADIOU
Ingénieur-Conseil
Rédigé par: CADIOU Christian | le 12 juin 2007 à 17h41
Rédigé par : CADIOU Christian | 12 juin 2007 à 18:48
Cher Monsieur Cadiou, vous êtes sans doute architecte-conseil chez Bouygues, pour nous vanter ainsi la pureté architecturale de la résidence des bois de Beauvoir (qui n'ont rien à voir avec Simone, ni avec Jean-Paul Sartre, ni avec Guy Môquet).
Peut-être ne savez-vous pas que le promoteur, sous la pression des architetes en colère et autres riverains indignés, a été contraint de modifier ses plans pour que la résidence "rappelle" l'architecture anguleuse de la Cité artisanale. Pauvres futurs propriétaires, croyant s'installer dans le hameau de la Reine et qui se retrouveront dans un simili Candilis !
Rédigé par : Pierre Bayle | 12 juin 2007 à 21:52
Cher Monsieur BAYLE,
Je vous remercie de votre réponse.
Mais vous faites erreur dans vos propos, car je ne suis pas un "architecte-conseil de BOUYGUES" mais un Ingénieur et Maître d'Oeuvre - réellement indépendant depuis la création de mon Cabinet à BIEVRES (91) en 1977 et de la société d'ingénierie (cf BETHEX) que j'ai créée en 1980, ceci avec une expérience professionnelle de 50 ans - qui s'est très souvent opposé à BOUYGUES et consorts...
Mais chacun son métier, et il n'est pas stupide de saisir en leur temps les opportunités qui se présentent, qu'elles soient issues de personnes avec lesquelles on n'a pas toujours les mêmes convergences...
C'est cela la "méthode SARKOZY" à laquelle j'adhère totalement, sauf si d'aventure le Futur venait à prouver le contraire des espoirs nés depuis MAI 2007...
Mais soyez un tant soit peu réaliste : réellement, habiter un site boisé devant des murs en béton, même "bariolés de TRESPA", accepteriez-vous un tel environnement pour VOUS-MEME et vos PROCHES ?
Ou, deuxième alternative, attendre des hypothétiques mécènes pour "reconstituer" ou faire redémarrer des activités artisanales ? Non ! en l'état c'est la certitude de faire perdurer un terrain vague, et il ne s'agit que d'un euphémisme...
En vérité, même s'il ne s'agit pas de la meilleure "architecture de façade" proposée par les Promoteurs et aux prix actuellement pratiqués, je préfère saisir l'opportunité de cette Opération pour me rapprocher de PARIS, sans en avoir les inconvénients et avec des prix plus justifiés que ceux pratiqués en face de l'Ile Seguin pour des immeubles sans âme...
Vous devriez savoir que les rêves coûtent cher...
Bien cordialement,
Christian CADIOU
Rédigé par: Christian CADIOU | le 13 juin 2007 à 13:00
Rédigé par : Christian CADIOU | 13 juin 2007 à 13:10