Diificile d'éprouver du regret à l'annonce de la pendaison de Saddam Hussein, malgré le concert hypocrite de tous ceux qui condamnent le procès et la peine de mort tout en se réjouissant secrètement de n'avoir pas dû s'en charger eux-mêmes, et cela vaut pour le monde arabe autant que pour les pays occidentaux qui affichent leur désaccord avec cette exécution.
Certes, c'est l'honneur des démocraties occidentales d'avoir exclu la peine de mort, au nom des droits de l'homme. Cela est indiscutable, même si l'intéressé avait largement prouvé sa profonde indifférence pour les droits de l'homme. Mais c'est bien de nous qu'il s'agit, pas de lui, donc la peine de mort reste condamnable.
Certes aussi, le recours en grâce présenté par les avocats de Saddam faisait partie de ses droits, mais il n'a jamais exprimé le moindre regret ni la moindre contrition pour son régime dictatorial, fait de violence interne et externe, qui a causé des centaines de milliers de victimes chiites, sunnites et kurdes irakiennes, sans parler des victimes iraniennes et koweitiennes. Jusqu'au bout, au contraire, il s'est présenté en détenteur légitime d'un pouvoir populaire, contre toute vraisemblance, appelant ses fidèles à l'insurrection et n'ayant jamais renoncé une seconde à ranimer la flamme de la "résistance irakienne", soufflant en fait sur la guerre civile et restant un danger potentiel.
L'Europe est donc divisée, une fois de plus, sur cette question difficile, même si le sentiment général, derrière les déclarations de principe, reste cyniquement un "bon débarras" pour celui qui a longtemps été un allié encombrant, puis franchement gênant, alors qu'il avait d'abord été utilisé par l'ensemble des démocraties occidentales, et même par les monarchies conservatrices du Golfe, comme un rempart contre l'intégrisme religieux.
Cynique lui-même, le dirigeant baassiste et laïc irakien, grand massacreur des imams chiites - et symétrique en cela à ses cousins baassistes syriens qui massacraient les intégristes sunnites avec le même entrain - s'était fait une caution, un alibi religieux, en se présentant comme un pratiquant intègre et en rajoutant un "Allahou akbar" (Dieu est le plus grand) sur le drapeau national irakien.
Personne n'était dupe de cet affichage, et si les Saoudiens exprimaient aujourd'hui leur inquiétude, ce n'était sans doute pas à l'égard d'une insurrection chez les pélerins célébrant le Jour du Sacrifice à la Mecque, mais plutôt d'affrontements entre ceux qui allaient fêter cette exécution et les autres. Car malgré ce qu'on entend sur les radios, le "pélerin de la rue" est une abstraction aussi éloignée de la réalité que celle de "l'arabe de la rue". Il y a suffisamment d'Irakiens en exil, anciens opposants à la dictature, Kurdes persécutés ou déserteurs de guerres injustifiables, pour témoigner de ce que le tyran sanguinaire n'est pas devenu une victime innocente du simple fait de l'intervention américaine.
Au-delà du deuil national décrété en Libye, qui relève de la provocation coutumière d'un régime par ailleurs très engagé dans une coopération économique étroite avec les Etats-Unis, il est intéressant de voir les réactions très mesurées à Damas et presque favorables à Téhéran, sans parler des témoignages recueillis par la presse à Bagdad.
La "page Saddam" était déjà tournée depuis son arrestation l'année dernière, et plus encore depuis la réintégration récente des cadres de l'armée baassiste. Et peu importe que son procès ait été une parodie de justice - avec aussi, il faut le rappeler, des exécutions de juges et de leurs proches commises par les partisans de Saddam pour intimider le tribunal.
Même s'il est vraisemblable que la main du juge et celle du bourreau aient été guidés par l'autorité américaine, le jugement et la condamnation sont bien aujourd'hui le fait des Irakiens : refuser de leur reconnaître cette responsabilité, leur dénier la légitimité d'avoir endossé cette condamnation, c'est compromettre les chances de ce pays de se relever pour écrire les pages suivantes. Alors, oui, aucun regret pour Saddam.
Oui Pierre, on peut l'exprimer comme tu le fais, mais en tant qu'européenne, je regrette que l'on applique encore la peine de mort même face aux crimes les plus horribles. L'Union Européenne chaque semaine engage des démarches pour que la peine de mort, supprimée dans tous les pays européens (conventions Conseil de l'Europe), le soit partout dans le monde. Ceci doit être rappelé haut et fort !
Meilleurs voeux 2007 !
Amitiés européennes,
Catherine
Rédigé par : Catherine Guibourg | 31 décembre 2006 à 19:22
laisser Bush assassiner ainsi Saddam par main tierce sera-t-il un facteur de Paix
facteur d'équilibre ou d'équité?
Cette mascarade télévisée d'execution de Saddam est non seulement indigne de l'Humanité mais aggrave tous les problèmes!
A part le fait que la peine de mort n'est plus de ce siecle (Niet, non et non) et que cette busherie nouvelle ne peut qu'agraver la guerre des clans dans un Irak dépécé, violé et meurtri
Je n'ai jamais ni aimé ni estimé Sir Saddam mais le voir bousher ainsi est indigne, de nous tous, simples êtres humains!
La Roumanie a su faire SON soulévement se libérer et executer son couple dirigeant!
Les Roumains entre eux!
Est-ce pareil d'après vous?
Pour Les Irakiens...
Peut-être pas!
Rédigé par : el greco | 03 janvier 2007 à 07:20