En bombardant un groupe des responsables et militants présumés d'Al-Qaida au sud de la Somalie à l'aide d'un Hercules AC-130 "Spectre" des Forces spéciales, les Américains ont fait un retour fracassant dans ce pays, 13 ans après leur retrait précipité en 1993 dû à une débâcle militaire à Mogadiscio immortalisée par un film violent, "La chute du Faucon noir".
En réalité, ils étaient déjà présents militairement puisqu'ils soutenaient le gouvernement somalien légal replié sur Baidoa (ouest du pays) et appuyaient le déploiement militaire éthiopien notamment en moyens de renseignement, faisant survoler les positions des "tribunaux islamiques" en territoire somalien par des satellites, des avions d'observation et des drones "Prédator", selon l'excellente lettre d'informations "TTU".
Le signal est clair, et pas seulement pour les forces des "tribunaux islamiques", aujourd'hui totalement défaites. Il est explicite envers l'ensemble des pays de la Corne de l'Afrique, le gros appareil américain ayant apparemment décollé de Djibouti - un appareil de cette catégorie n'aurait pas pu le faire d'un porte-avions en mer. Djibouti, autrefois base stratégique française, est aujourd'hui "partagé" avec une présence croissante de forces américaines, au carrefour essentiel entre la Corne de l'Afrique et le Moyen-Orient, et constitue également le principal débouché sur la mer de l'Ethiopie, enclavée par l'Erythrée.
Ce message n'est pas seulement un retour à la guerre contre le terrorisme tous azimuts. Il s'adresse bien entendu aussi au Soudan, qui continue à ignorer la communauté internationale en commettant - ou en laissant commettre, ce qui est pareil - des exactions sans nom au Darfour, qui a du mal à se démarquer des influences islamistes les plus radicales et dont, par ailleurs, les relations avec l'Ethiopie ne sont pas au beau fixe, compte tenu à la fois de différends frontaliers et d'une lutte d'influence auprès de l'importante communauté musulmane éthiopienne.
Entre la Corne de l'Afrique, les Grands lacs africains et jusqu'au Tchad, c'est toute la région qui continue à être secouée de spasmes et de manifestations d'instabilité. Cette intervention militaire américaine, non pas seulement visible mais volontairement voyante, est également intéressante sur un plan d'efficacité : il n'est pas nécessaire de déployer des troupes au sol pour exercer un effet majeur dans un pays déstabilisé, à partir de la troisième dimension. Une leçon que les Américains avaient, malheureusement pour eux, un peu oubliée en Irak.
(documents : obsarm et globalsecurity)
N'étant pas un spécialiste militaire, je ne me prononcerai pas sur l'efficacité des moyens mis en oeuvre ...
Toute action, même militaire, conduite contre les extrêmistes de tout poil obtiendra mon soutien a priori ...
Rédigé par : Jacques Heurtault | 10 janvier 2007 à 10:05