Evidemment moins remarquée que la non-réponse sur le nombre de sous-marins nucléaires, la réponse que Ségolène Royal a faite sur ses orientations stratégiques sur la défense, si elle devient chef des armées, a le mérite d'être claire, de rejeter la politique gadget et d'afficher une orientation clairement européenne. Mais comme c'est une réponse sérieuse, elle a évidemment été moins utilisée par les médias que son examen de passage sur les SNLE, comme si la logique "grand oral de l'ENA" devait prédominer dans la campagne.
Le journaliste Jean-Jacques Bourdin, qui l'interviewait sur RMC le 25 janvier, lui ayant demandé si l'armée française allait "continuer à dépenser trois milliards d'euros par an pour acheter des avions Rafale dont personne au monde ne veut", Ségolène lui a répondu, très calmement :
"Vous savez, d'abord je crois qu'on ne règle pas les questions de défense nationale de cette façon-là. Je pense aussi qu'il faut être bien conscient que les dépenses militaires contribuent de façon considérable à la recherche civile : et donc moi je (les) mettrai à plat, pour que les Français comprennent bien à la fois les enjeux de la défense, parce qu'il faut aussi que l'armée française ait les moyens d'accomplir ses missions, notamment ses missions de maintien de la paix.
"Je ne veux pas, par des annonces, laisser penser que nous baissons la garde sur un certain nombre de sujets extrêmement sensibles. En revanche, à l'intérieur d'un budget de défense nationale qui doit globalement rester constant, on peut réorienter un certain nombe de dépenses et notamment valoriser, comme je le disais à l'instant, je crois que c'est très important, les filières de recherche pour qu'elles aient des implications beaucoup plus fortes dans le domaine de l'industrie civile.
"Je pense, d'autre part, que nous pourrons faire un certain nombre d'économies éventuelles si nous mettons en place, et c'est mon souhait, une démarche de défense européenne, et c'est là où nous pourrons partager les mêmes efforts pour être à la fois plus rationnels ur le plan de la dépense et en même temps plus efficaces. Parce que si nous nous mettons ensemble, à plusieurs pays européens, à ce moment-là, en effet, nous pourrons sans doute resserrer un certain nombre de budgets.
"Oui, c'est-à-dire que ces sujets de défense ne doivent pas être traitrés de façon gadgétisée, ou de façon partiale ou partielle. Donc moi je suis pour le maintien global, je l'ai dit, de l'effort de défense, et en même temps je crois que si nous faisons émerger une dynamique de défense européenne, nous pourrons maîtriser ces dépenses militaires".
Certes, c'est moins accrocheur... Mais c'est une attitude responsable, et qui se situe à l'opposé de tout discours démagogique sur la question, tout en restant parfaitement accessible pour le non spécialiste.
Oui, celà me semble encourageant. Mais une véritable politique extérieure européenne, et même de défense ne devraient pas se limiter à rechercher des synergies et rationaliser à 27. Il s'agit aussi à terme de partages de souveraineté et d'une recherche systématique de consensus, sans mettre en avant systématiquement le cocorico francais. De la modestie donc pour être plus efficace et que l'Europe parle d'une seule voie et agisse en conséquence. Une piste d'ailleurs que le TCE dessinait..
Quelle est la position de la candidate Royal la-dessus ?
Cordialement,
Catherine
Rédigé par : Catherine Guibourg | 30 janvier 2007 à 11:08