Belle illustration du rassemblement large et consensuel réalisé depuis le premier tour autour de la candidature de Ségolène Royal : samedi, sur le marché sévrien de Saint-Romain, les militants du Parti socialiste (et de Désir d'avenir), du Parti communiste et des Verts distribuaient chacun le tract de leur formation politique, mais avec un même appel à voter pour la victoire de la candidate de gauche.
En face, malgré leurs superbes T-shirts bleu (bleu royal, exactement) portant le slogan "Ensemble, tout devient possible", les militants de l'UMP paraissaient paradoxalement moins allants, comme si le dynamisme était désormais d'un seul côté, comme si le camp du candidat arrivé en tête s'essoufflait. Eux appelaient à venir à la grande réunion publique avec Nicolas Sarkozy dimanche à Bercy, tandis que le PS invitait au meeting-concert de mardi 1er mai au stade Charléty, où Ségolène Royal sera entourée de Bénabar, Cali, Michel Delpech, le toujours jeune Leny Escudero, Indochine, Rachida Khalil, Kéry James, Mokobé, Renaud, Sanseverino et Tikenjah. Aux dernières nouvelles, Yannick Noah se serait annoncé lui aussi.
Pour les militants du PS, le slogan "La France présidente" suscitait les mêmes réactions habituelles : sourires complices pour les uns, air courroucé des autres, un grand classique des distributions sur les marchés. Beaucoup d'encouragements en tous cas, notamment du côté des mères de famille, des immigrés, d'un certain nombre de personnes âgées - mais l'objectivité me force à dire qu'il y avait aussi des réactions très tranchées chez certains anciens lorsqu'ils découvraient le portrait de Ségolène.
Venus en force, les militants de "L'Ecologie - Les Verts" avec leur candidat aux législatives, dont le tract annonçait fièrement la couleur vert-rose : "le 6 mai, votons Ségolène Royal - Nous ne voulons pas de l'élection de Nicolas Sarkozy, candidat d'une droite libérale compatible avec le l'extrême-droite, candidat du gouvernementr sortant". Les Verts en profitent pour "remercier les électrices et électeurs qui ont apporté leur soutien à leur candidate Dominique Voynet, en dépit de fortes pressions et d'une campagne où le commentaire des sondages a trop souvent remplacé le débat de fond". Mais aucune arrière-pensée pour faire voter Royal, avec ce message : "la révolution écologique appellera d'autres étapes. Ne ratons pas celle du 6 mai."
Les Communistes sévriens avaient préparé un tirage spécial de leur bulletin hebdomadaire, avec un gros titre : "Battons Sarkozy", avec la déclaration de Marie-Georges Buffet : "j'appelle sans hésitation tous les hommes et toutes les femmes de gauche, toutes et tous les démocrates, à voter et faire voter le 6 mai Ségolène Royal". L'un des militants, n'osant sans doute pas appeler trop ouvertement à voter Ségolène en donnant son bulletin, pour ne pas être pris pour un Socialiste dans cette foule de militants de toutes tendances au coude à coude, lançait : "votez pour une femme, ça vaut quand même mieux !". Il est vrai qu'entre Ségolène, Marie-Georges et Dominique, la cause des femmes est sans équivoque mieux représentée à gauche.
Pour les Communistes de Sèvres, l'autre actualité du microcosme est bien entendu la défection de l'ancien maire communiste Roger Fajnzylberg rallié à Sarkozy, qualifié de "trahison", ce qui lui vaut un éditorial vengeur du même bulletin : "le PC constate avec regret que la nature du personnage n'a guère changé depuis 1984, où son anticommunislme a ouvert en grand les portes à la droite municipale. Son opportunisme éclate au grand jour par le choix qu'il fait d'une politique de droite la plus dure et la plus anti-sociale que le monde du travail ait connu depuis des décennies".
Un marché politiquement actif, où malgré tout les gens sont plus passionnés que d'habitude, certains acceptant de se faire expliquer un tract, d'autres protestant gentiment comme cette vieille dame : "avec tous ces discours politiques vous m'avez fait oublier d'aller voir le prix des géraniums !" Un net progrès en tous cas dans le comportement civique, aucun tract n'était jeté par terre et même ceux qui, conformément aux traditions les plus anciennes, froissaient ostensiblement un tract pour marquer leur désaccord, repartaient avec sans le jeter par terre...
Le renfort important des écologistes et des communistes a en tous cas permis aux militants du PS d'effectuer un repli tactique discret peu avant onze heures : rendez-vous avait été donné au local de la section pour assister en direct au face à face télévisé Royal-Bayrou. Un événement capital dans cette campagne riche en rebondissements !
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