Après la gueule de bois, il arrive un moment où il faut redémarrer : du haut en bas des appareils de la gauche, l'heure est non pas comme on le redoutait aux règlement de comptes, pas encore, mais à l'analyse d'une situation assez catastrophique et à l'étude des stratégies de parade face à une droite qui, à l'évidence, va se consolider durablement au pouvoir à l'occasion de législatives, sans parler de l'hypothèse de municipales anticipées.
Reflétant l'attitude mesurée des structures nationales du PS, qui ont évité au moins publiquement l'affrontement entre Ségolistes et anti-Ségolistes, grâce à un François Hollande plus efficace que jamais dans son fonction d'édredon antichoc, sorte d'airbag politique, le débat auquel j'ai participé mardi soir dans ma petite section sévrienne - façon de parler car la section affiche désormais complet à chaque réunion - révélait à la fois l'agacement latent des militants qui avaient mal accepté la candidature de Ségolène et lui reprochaient son échec, et celui des partisans de la candidate qui reprochaient aux autres de ne pas s'être investis assez dans la campagne.
Agacament mais pas affrontement : chacun a fait un effort pour mettre de côté ses rancoeurs et se déclarer volontaire pour affronter ensemble le match suivant, celui des législatives, où le PS présente à Sèvres un suppléant à une tête de liste radicale. Après l'entretien Baylet-Sarkozy, la question a bien sûr été posée à la candidate de savoir ce qui se passerait si le président du PRG ralliait la majorité présidentielle. Elle n'a pas rejeté la question, se disant aussi estomaquée que les militants du PS de ce qu'elle avait vu à la télévision. Mais comme de toutes façons des socialistes aussi, et non des moindres, ont été vus chez le nouveau président de la République, personne n'est habilité à prononcer des oukazes.
Certains, dont la députée européenne Pervenche Bérès, ont quand même exprimé le souhait que, tout en se présentant totalement cohérent pour affronter les législatives, le parti devait voir plus loin pour repenser la politique et se préparer beaucoup plus en amont et beaucoup plus en profondeur aux grandes batailles politiques et électorales. J'ai pour ma part souligné le paradoxe de cette mode consistant à dire que les idéologies sont dépassées, alors que le libéralisme triomphe partout comme idéologie : la gauche s'est laissée déposséder du débat des idées, il est urgent qu'elle retrouve le véritable débat idéologique.
Une convergence s'est dessinée sur le fait que le PS ne doit pas s'enfermer dans la recherche d'alliances : il est seul désormais, disait encore Pervenche, à incarner les valeurs de la gauche. Autour c'est le désert, l'effondrement des alliés traditionnels, communistes ou Verts. Il faut donc savoir incarner et porter ces valeurs qui distinguent la gauche et qui peuvent seules cimenter le désir d'alternance des Français. La présence de nouveaux adhérents à cette première réunion d'après l'échec électoral était en soi un signe encourageant. Un signe que la politique ne se limite pas au combat télévisé des chefs, tel que le reflètent les médias, mais se joue à la base, avec une envie de participer qui s'est vue dans le taux de participation aux présidentielles et se poursuit dans un énorme besoin de démocratie participative.
Quand le PS aura terminé ses luttes intestines, il y aura peut être un horizon visible.
SR (dont je n'approuve pas toutes les idées, quoique certaines soient excellentes) aurait pu faire un tout autre score si les éléphants ne l'avaient pas lapidée de la sorte.
Peut être que les électeurs PS en sont écoeurés. C'est ce que j'ai cru comprendre autour de moi.
En fait, SR a été très seule pendant la campagne.
Pourquoi l'avoir élue alors ?
Et maintenant, ils n'ont pas l'air mieux partis pour les législatives....
Rédigé par : nadine | 25 mai 2007 à 08:42
Il ne faut pas se fier à l'image donnée par la presse (et encore pas toute) : Ségolène n'a pas été seule pendant la campagne, elle a bénéficié d'une réelle popularité. Les primaires étaient une sanction démocratique voulue par le parti, ceux qui ont été mauvais joueurs ne peuvent pas faire la preuve qu'ils auraient fait mieux qu'elle. Tout ça sera digéré tranquillement, la vie politique suivra son cours et les courants passeront autour des éléphants sans besoin de les noyer. La défaite annoncée aux législatives ne sera que la suite logique des présidentielles, et l'on va redécouvrir la noblesse du métier d'opposant. Rien de dramatique !
Rédigé par : Pierre Bayle | 25 mai 2007 à 17:48
Pierre,
Quand j'évoque la "solitude" de S.R., je ne pense pas du tout à l'impression qu'elle a pu donner à son électorat et autres.
Elle aurait pu bénéficier d'une aide substantielle de ses collègues PS, mais ceux-ci ont préféré régler des comptes (Hollande compris).
Quand on ne sait pas se dominer en attendant le bon moment, on peut effectivement regretter l'échec. Mais c'est trop tard.
Bon WE Pierre.
Rédigé par : nadine | 26 mai 2007 à 13:32