Le calme estival, dans un paysage à peine ponctué des rebondissements fracassants de Secret Story (Laly va TOUT nous dire), des hauts et bas du Tour de France (transfusé, pas dopé) et des faits divers à trois chiffres (un car polonais et un avion sortis de piste), a finalement gagné la classe politique française par abandon de tous, sauf du couple présidentiel emporté dans un numéro de valse endiablée entre Bruxelles, Tripoli, Sofia et re-Tripoli.
Le PS est KO debout, Hollande toujours là avec son air docte et pas dupe, ou l'inverse, de plus en plus solitaire entre d'un côté des éléphants partis vers les mirages présidentiels et de l'autre des éléphants retournés dans les profondeurs de la gauche. Les quadras s'en donnent à coeur joie, certains entonnant un air de Valls, d'autres jouant leur mélodie de quadras désintéressés "qui ne veulent se lier à personne" mais scrutant déjà l'horizon des prochaines présidentielles à l'aune de leurs propres ambitions.
On ne compte plus le nombre de Fêtes de la Rose et d'universités d'été prévues pour la seule mouvance socialiste : Montebourg ne peut pas inviter une deuxième fois Ségolène Royal à Frangy; alors tant pis, celle-ci fera sa propre fête à Melle, très en marge de l'université d'été de la Rochelle, etc... Stop ! On s'y perd totalement.
Curieusement, le seul qui dégage le terrain en faveur de Ségolène c'est finalement Nicolas Sarkozy, parti sur l'idée d'en faire le leader de l'opposition, "son" challenger désigné. Comme si le fait d'attirer Kouchner, Lang, Védrine, Strauss-Kahn et d'autres ne visait qu'à laisser Ségolène sans rivaux. D'ici que le président aille séduire Bertrand Delanoé en allant faire son jogging à Paris-Plage, il n'y a pas loin.
On peut remarquer en tous cas que, malgré la presse et les commentateurs politiques, Ségolène Royal et François Hollande n'ont pas été au-delà d'une séparation familiale qui au fait ne regarde qu'eux, et se ménagent remarquablement sur le plan politique, loin de céder au jeu dévastateur du "c'est à cause de toi qu'on a perdu les élections" que voudraient leur voir entonner l'un contre l'autre beaucoup de mauvais esprits.
Les faits sont têtus : Ségolène reste celle qui a rassemblé presque 47% des Français au deuxième tour, et cela lui reste acquis. Une défaite, mais une expérience qu'elle est la seule à avoir eu aujourd'hui dans l'opposition. Pas aussi bien que Mitterrand en 1974 (49,19% contre Giscard) mais une popularité réelle, un courant de sympathie de la base malgré l'appareil du parti, et quelles que soient les insuffisances de la "démocratie participative". Et François tient encore la barre au PS, plus solidement qu'on ne croit.
Ségolène a appris. On l'entend moins, et pas à contre-emploi depuis son aveu malheureux sur le SMIC et les 35 heures. En tous cas, elle se préserve pour l'instant de la lumière des projecteurs. Au-delà de l'autocritique, certains leaders des grandes régions du PS, ou présidents de région, les vrais bastions de l'électorat socialiste, attendent maintenant qu'elle propose un "contrat" de gouvernance du parti. Les quadras ne leur inspirent rien, et n'ont pas d'impact durable, pour l'instant, au-delà de la presse people. Le parti est une affaire trop sérieuse pour qu'on le laisse aux jeunes...
Alors Ségolène ? La rentrée politique de l'opposition se prépare déjà, silencieusement, en coulisse. Le meilleur n'est pas à exclure.
La déclaration de Ségolène sur le Smic à 1.500 euros qui fut une erreur n'est pas "malheureuse"! Bien au contraire, c'est la preuve d'une lucidité très responsable.
Rédigé par : Jacques Heurtault | 30 juillet 2007 à 07:40
Certes, Jacques, mais à ce moment-là elle n'était pas obligée d'en rajouter pendant la campagne, car c'est là qu'elle était le moins convainquante...
Rien à voir, mais je suis admiratif de ton rythme de production : ton blog est celui d'un stakhanoviste ! Pas de vacances en vue ?
Rédigé par : Pierre Bayle | 03 août 2007 à 01:16