Après l’apparition du char sur le champ de bataille en 1916 et la floraison de jouets inspirés du FT17 français et Mark britannique, l’immédiat après-guerre verra se développer le char en tôle dans de nombreux pays et sous les formes les plus variées. Mais c’est en Allemagne qu’il va triompher dans les années trente, sous le double effet d’une industrie du jouet mécanique déjà très dynamique avant guerre (Bing, Ernest Lehmann C°, Märklin, S.G. Gunthermann, Georg Fischer, J.L. Hess, etc) et d’un réarmement de plus en plus visible.
C’est ainsi que les
marques Gama, Märklin, TyCo, Diestler, CKO, Gescha, vont proposer les jouets les plus ingénieux et les plus robustes, parallèlement au développement d’un successeur économique au soldat de plomb, la figurine en résine de sciure et colle, sous les deux marques Lineol (à base carrée) de et Elastolin (à base ronde).
Après des modèles plus ou moins fantaisistes, le PanzerKampfWagen (PzKw) 1 va, de sa production en 1934 jusqu’aux années de la guerre, dominer la scène du jouet. Facilement reconnaissable à sa tourelle à deux mitrailleuses, il sera adapté ensuite, en tant que jouet, par une simple modification de la tourelle et un accroissement de ses proportions, pour ressembler aux modèles successifs de la Wehrmacht, les PzKw 2 et PzKw 3, puis 4. La guerre mécanisée devient une réalité qui s’impose aux jeux des enfants, comme un véritable conditionnement, avec les bataillons de soldats en résine, la gamme complète des blindés et véhicules d’accompagnement : automitrailleuses, tracteurs d’artillerie, camions, etc.
Parmi les marques allemandes, certaines comme Arnold et Gescha proposent des chars qui ne ressemblent que lointainement au PzKw 1. Il s’agit de jouets petits et robustes, mais qui ne sont pas à l’échelle des figurines de l’époque. C’est Gama qui, de très loin, domine la production en qualité et en diversité. Jouets robustes à moteur à ressort actionnant des chenilles en caoutchouc, mitrailleuses avec des pierres à briquet crachant des étincelles quand le char est en mouvement, détail des lots de bord (pelle-pioche et hache) : Gama arrive à fixer un standard, puisqu’il sera progressivement copié par les autres constructeurs.
TCO réalise pour sa part un PzKw 1 exceptionnel, très proche de la réalité, aujourd’hui recherché par les collectionneurs. Il s’agit d’un char de 23 cm à chenilles métalliques, doté d’un dispositif entraînant et percutant une bande à amorces quand le char avance, mu par un puissant moteur à ressort. Gescha suivra l’évolution en passant de ses premiers chars-jouets rudimentaires à de très jolis engins détaillés et télécommandés par cable, ou avec dispositif à changement de trajectoire. Seul pays à suivre l’Allemagne par sympathie politique, l’Italie s’inspire alors des modèles allemands et la marque INGAP (Industrie Nationale du Jouet Automate de Padoue) propose des chars proches de ceux de Gama ou Gescha.
Il faut noter aussi que les mêmes moules conçus pour faire des jouets sur les modèles des PzKw 1 à 3 serviront après guerre pour produire des versions abusivement rebaptisées « PzKw 5 – Panther », sans aucune vraisemblance, ou camouflées en Sherman américain, le constructeur se contentant de repeindre le jouet aux couleurs kaki avec l’étoile blanche qui distinguait la coalition alliée, portant l’inscription « made in US Zone Germany », puis « made in western Germany . Mais il ne s’agira plus que d’une fabrication marginale.
Car la réalité est que la guerre a brutalement interrompu la production de jouets en tôle. Les sociétés qui auront survécu à la guerre ne retrouveront plus leur niveau d’avant-guerre : le jouet de guerre est bien passé de mode en Allemagne. (à suivre)
Voir aussi : http://pierrebayle.typepad.com/tin_tank_toys/
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