Parallèlement au char en tôle, apparu dès 1918 et produit jusque dans les années 1970 en Europe, l’automitrailleuse en tôle mérite un développement à part, par sa thématique autant que par son esthétique. Ce billet sur le char à roues et l'automitrailleuse conclut donc la série des "chars jouets". En effet l’automitrailleuse étant antérieure au char, les jouets la représentent dès la fin du XIXe siècle, en plomb ou en alliage, puis en tôle à moteur mécanique.
Signalé dans les catalogues de jouets du début du XXe siècle, ce petit « automoteur » en plomb sur chassis fantaisie en alliage à quatre roues, de fabrication française, tirait des grains de riz de son petit canon à ressort intégré, à l’échelle des soldats de plomb de l’époque.
En alliage également, mais plus petite encore, l’automitrailleuse à tourelleau armé d’une arme lourde était sans doute beaucoup plus proche de la réalité des matériels en dotation dans l’armée française. L’uniforme bleu horizon des deux servants, le tireur et le conducteur, ainsi que le profil de l’avant du véhicule suggèrent plutôt la fin de la Première guerre.
Plus ancienne sans doute, mais déjà en tôle simplement peinte, et non pas imprimée, l’automitrailleuse porte le même canon à ressort des soldats en plomb qui équipait le premier engin mentionné ci-dessus. La fabrication de tôle est rudimentaire puisque la tôle est simplement soudée, et non pas assemblée par des pattes repliées comme on le fera ensuite. Des filets d’or rehaussent la peinture grise et donnent un certain cachet à ce jouet plutôt rare.
Du côté allemand, cette automitrailleuse Kellermann Schützenpanzer, de la firme CKO, illustre le réarmement allemand des années trente. Tôle imprimée à rivets apparents, moteur mécanique, c’est déjà la technique qui fera le succès des jouets militaires allemands. Très grossière, la double mitrailleuse de la tourelle comporte une base unique à pierre à briquet, qui génère des étincelles en rebondissant sur un frottoir qui tourne avec le moteur.
La firme CKO accompagnera du reste l’effort industriel allemand en copiant les principaux modèles mis en dotation dans la Wehrmacht, dont le K-343 et le K-347, beaucoup mieux finis que les précédents, et portant le camouflage centre-Europe qu’on verra progressivement remplacer la peinture grise.
Les plus beaux sont sans conteste les jouets produits par Typco, comme pour les chars. Mais un exemple particulier du dynamisme des fabricants de jouet allemands se retrouve dans cette séquence où l’on voit une automitrailleuse « A-572 », fidèle réplique d'un modèle réel de l’armée allemande, changer de robe, de tourelle et voir ses deux roues remplacées par des chenilles, pour devenir après-guerre un très honnête half-track qui ressemble à tout sauf à un half-track américain, mais qui arbore de superbes marquages style « US et alliés - Libération ».
En France, dans une superbe boîte marquée « Engin Blindé de Reconnaissance », une automitrailleuse proposée dans les années 1950 par Vébé ne ressemble en rien à l’EBR de Panhard mais beaucoup plus au Puma allemand de la fin de la guerre, y compris dans la peinture grise. D’autant qu’elle a huit roues à pneus comme le Puma, et non pas quatre roues extérieures à pneus et quatre roues internes métalliques (dites agricoles) comme l’EBR. Ce jouet reprend aussi beaucoup de la technique allemande, moteur à ressort, pierre à étincelles, et la tourelle tourne quand l’engin roule.
En Italie, le constructeur de Padoue INGAP (Industria Gioccatoli di Padova) propose à la fin des années 1950 une jolie automitrailleuse à quatre roues et trajet programmable. Mais l'on n'est déjà plus dans tôle.
Enfin Joustra (les Jouets de Strasbourg) propose un étonnant véhicule à huit roues, lançant deux missiles sur deux rampes parallèles, sorte de synthèse entre les lance-roquettes multiples et les lanceurs de missiles tactiques. Là nous sommes dans les engins de l'artillerie, un domaine différent.
Voir aussi : http://pierrebayle.typepad.com/tin_tank_toys/
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