Les bateaux-jouets sont les plus esthétiques des jouets mécaniques, mais ne sont pas les plus étonnants : après le Musée de la Marine, je veux décrire ici, en cinq notes, une collection un peu articulière, celle du char-jouet, né en 1918. En commençant par le commencement, les chars-jouets de la première guerre mondiale, contemporains de l'apparition des premiers chars de bataille.
Lorsque le char fit irruption sur le champ de bataille, il provoqua chez les combattants une stupeur et un effroi sans commune mesure avec ses proportions réelles. Très vite il est l’objet de représentations, d’abord sous la forme de souvenirs par et pour les soldats, puis de jouets mécaniques en tôle peinte. Celui-ci, apparu au 19e siècle avec la révolution industrielle, était riche jusqu’alors de voitures, camions, bateaux, oiseaux et personnages animés les plus divers, mais le « militaria » y était minoritaire. On trouvait des voitures blindées ou des voitures-canons souvent fantaisistes en métal coulé, accompagnant les soldats de plomb et à la même échelle, mais occupant à l’évidence une place marginale.
Les premières automitrailleuses sont apparues sous forme de jouet au début du 20e, élément accessoire des batailles de soldats de plomb. De fabrication artisanale, plomb ou alliage coulé et peint, tôle sertie ou soudée, mais offrant parfois la ressource d’un canon à ressort pour tirer des grains de riz. Alors que le jouet en tôle était déjà motorisé, ces petits jouets militaires ne l’étaient pas, sans doute pour ne pas déranger le lent ordonnancement des batailles d’infanterie. Il faudra l’arrivée du char et sa manœuvre autonome pour que le blindé-jouet devienne motorisé.
Ainsi, avec l’arrivée du char en 1916-1917, une autre dimension vient s’ajouter au monde des jouets, particulièrement dans les jouets mécaniques qui atteindront leur apogée dans les années 1930 pour se heurter dans les années cinquante au jouet en plastique et disparaître progressivement. Le premier char apparu était informe : c’était le tank britannique, qui s’appelait ainsi car les Anglais avaient écrit « tank » (réservoir) sur les caisses pour dissimuler cette arme secrète. Gros caisson à chenille muni d’armes sur le côté et au-dessus, il devint de plus en plus massif, à l’opposé du char Renault FT-17, le plus petit des blindés mis alors en service, déjà moderne dans sa silhouette grâce à sa tourelle pivotante.
Avant même la fin du conflit, les combattants avaient fabriqué les premières représentations miniatures : à l’aide de douilles et de morceaux de cuivre, en laiton soudé, avec parfois un petit moteur, ce sont encore des créations artisanales, signées ou portant l’indication du lieu des combats : Arras, souvenir de Metz... Les usines Renault produiront de grosses maquettes en laiton et acier, lourdes et superbes, réservées aux collectionneurs, qui ne sont pas véritablement des jouets.
Le fabricant de jouets Pinard, déjà connu pour ses automitrailleuses, propose alors le « Tank 1917 », silhouette approximative du char anglais Mark 1 à 3, en tôle peinte et chenilles fixes, avec un tout petit moteur à ressort sous le chassis pour actionner des roues métalliques. Un jouet rudimentaire qui a dû être produit avant même la fin de la guerre.
Plus élaboré, et proposé en grande série, c’est le Jouet Français (JOUEF) qui lance une série industrielle de FT-17 en tôle peinte, avec moteur mécanique, projecteur à pile à l’avant et ressort pour faire exploser une amorce dans la tourelle. Ce jouet volumineux sera accompagné d’une version plus petite pour accompagner les soldats de plomb. Et on propose à la même échelle un tracteur d’artillerie, à mécanisme à ressort et phares à ampoules, et son canon tracté, à ressort pour percuter des amorces.
Les années vingt verront une floraison de jouets en tôle plus ou moins inspirés des deux modèles que restent le FT17 et le Mark anglais. Français, Britanniques et Américains sont les plus nombreux à produire de petits blindés-jouets, mais on trouve aussi des productions italiennes. L’industrie allemande, déjà maîtresse dans le jouet mécanique de qualité, va s’imposer dans les années trente, encouragée par une société tout entière tournée vers le réarmement. (à suivre)
Voir aussi : http://pierrebayle.typepad.com/tin_tank_toys/
Bonjour j'aime beaucoup votre site
J'aimerais vous poser des questions sur un des char que vous avez pris en photo car je suis en train de faire une étude sur l'objet char encrier dans le cadre de mes études de muséologie. J'amerais vous poser des questions.
Pourriez vous m'aider?
Merci de m'avoir lu
E.D
Rédigé par : Emilie | 21 janvier 2008 à 21:47
Bonjour, je suis en possesion du chr en tole figurant sur la premiere photo de cet article. Malheureusement les chenilles caoutchouC manquent. Pourriez vous m'indiquer avec quoi, les remplacer ou encore, est il possible de les trouver qque part. D'avance merci et exellente continuation pour votre site.
Rédigé par : laurent | 30 janvier 2008 à 23:27
Laurent, pardon d'avoir tardé à répondre. Je cherchais une réponse et ne l'ai pas trouvée : j'ai deux chars de ce type, tous les deux avec les chenilles "brûlées", c'est-à-dire dures et cassées. On ne retrouve pas le même modèle, puisqu'il remonte à 1920, mais chez les antiquaires spécialisés ou brocanteurs de jouets, on trouve parfois des chenilles refaites pour les chars GAMA allemands. L'important alors n'est pas la largeur de la chenille, car on peut les recouper au cutter (OK, c'est long) mais le diamètre, si on veut quelque chose qui tienne. Une chenille recollée ne sert qu'en statique, dès qu'on fait rouler le jouet elle se détache. Sinon on en trouve aussi sur E-bay, en cherchant "tin tanks" (chars en tôle), il y a parfois des Allemands qui vendent des chenilles pour les chars GAMA. Bonne recherche !
Rédigé par : Pierre Bayle | 10 février 2008 à 13:47
Bonjour .
Merci pour cet article sur les chars -jouets .
J' aime beaucoup ce thème et possede une jolie petite armée de tôle .
Mes péférés sont l' EBR (Puma) de Vebe et l' Amx 13 Mont-Blanc .
Pour repondre à la question des chenilles du grand char (Roullet je crois) ) , si le modele reste statique , le mieux est de prendre une courroie de distribution .
Rédigé par : stan | 01 décembre 2008 à 10:17
Bonjour Stan. Oui l'EBR est superbe sauf qu'il est bien un Puma allemand malgré ses marques françaises. Rien à voir avec l'EBR Panhard, malheureusement pas construit en tôle (sauf erreur). L'AMX13 est celui en tôle mais avec une tourelle en plastic ? Je serais ravi de voir des photos de "la petite armée de tôle". Cordialement,
Pierre
Rédigé par : pierre_bayle | 01 décembre 2008 à 12:31