Expo à ne pas rater au Musée de la Marine à Paris, puisqu'elle a été prolongée jusqu'au 3 novembre, "Bateaux jouets, 1850 - 1950" est un événement à plusieurs points de vue : l'intérêt des objets, l'émotion des souvenirs, la qualité de la muséographie en font un spectacle pour les passionnés de la mer, du jouet, du bricolage, et pour tous les nostalgiques des petits voiliers en bois du Luxembourg ou du bassin des Tuileries.
En fait, le principal patrimoine de la collection exposée est le jouet manufacturé en métal, qui apparaît avec la révolution industrielle et l'accompagne, avec des mécanismes de pus en plus sophistiqués juqu'à l'irruption du plastique dans les années 1950 qui verra le déclin des jouets à ressort et du jouet en métal.
Les pièces rassemblées, appartenant au Musée de la Marine ou à des collectionneurs privés, sont exceptionnelles par leur richesse et leur originalité. Pièces uniques et artisanales comme ce bateau à vapeur mû par roues à aubes, le Comté du Hainault, fabriqué par le Français Giroux en 1859, ou ces contre-torpilleurs massifs produits par Radiguet.
Mais aussi pièces en série, et c'est un défilé de tous les noms des industries du jouet en France (Gil, Vébé, JRD, Hornby, JEP...) et Allemands (Hess, Plank, Fleishmann, Arnold, Mârklin, Bing...), noms dont beaucoup se feront connaître par toute le gamme des jouets mécaniques : trains, voitures, automates. Une très belle pièce de Bing est le Hohenzollern, de la fin du 19e siècle.
Jouets guerriers pour les gros cuirassés, certains démontrent une grande inventivité pour transformer de paisibles bassins en batailles navales : ainsi la torpille à ressort qui vient frapper un bateau de guerre lequel, lorsqu'il est touché au centre, s'ouvre en deux et coule aussitôt.
Jouets poétiques aussi, avec des voiliers et des canots à rame de tout type mais aussi la "carpe frétillante", jouet mécanique de 1924 à faire rêver les pêcheurs d'eau douce. Ou comme le sous-marin Berrot, "jouet scientifique et bien français, car il ne torpille ni les femmes ni les enfants", se contentant de plonger en immersion et de remonter à la surface grâce à une poire qui pompe de l'air dans le réservoir.
L'exposition est aussi l'occasion de découvrir deux très belles créations esthétiques : d'abord le film du grand collectionneur Jac Remise, "Le jouet reflet de son temps", tourné en 1968 avec les bateaux de sa collection privée mis en situation dans la nature. Un document assez unique, dommage qu'il ne soit pas en vente. Ensuite la série des photos faites pour une campagne de publicité de la marque Vuitton par le photographe Jean Larrivière, mettant en scène ces petits bateaux mécaniques dans les paysages magiques des grands fleuves de l'Inde avec un incroyable travail de mise en scène (certaines photos racontent le "making of").
Une visite à rater d'autant moins que, à côté de cette exposition sur le bateau-jouet, le Musée de la Marine du Trocadéro reste le bonheur des maquettistes avec une collection unique de bateaux, à voile et à vapeur, en bois et en métal, devant laquelle on peut passer des heures sans se lasser. Celle-ci est certainement "la Licorne" de l'ancêtre du capitaine Haddock, celle du trésor de Rackham le rouge.
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