Indicateur intéressant de l'évolution du savoir-faire militaire, le salon aéronautique de Dubai, dans le Golfe, présente cette année côte à côte les super-avions de combat dérivés de la guerre froide et les aéronefs sans pilote qui, utilisés en Afghanistan, sont passés du statut de prototypes à celui d'outils de combat pleinement opérationnels. Principalement consacré à l'aéronautique civile, avec cette année les succès d'Airbus en commandes d'A380 et A350, ce salon comporte un volet militaire qui est une vitrine révélatrice à la fois des technologies et de l'évolution des besoins opérationnels.
Toujours en tête des technologies mais toujours aussi peu exporté, le Rafale de Dassault reste incontestablement l'avion de combat multirôle de référence, largement au niveau sinon en avance de ses concurrents européens et américains, notamment le F-16 dont la force principale vient de ce qu'il a été produit à des milliers d'exemplaires, un avantage pour le coût, les pièces, la maintenance et l'interopérabilité. Mais cette avance du Rafale ne durera que jusqu'au jour où les avions de la génération du F-35 américain Joint Strike Fighter apparaîtront sur le marché.
Remarquable, le come-back des avions russes avec une technologie et une industrialisation davantage fiabilisées, et des solutions qui les conservent dans le peloton de tête dans leur catégorie, comme les MiG et les Sukhoi proposés à l'exportation et qui intéressent de nombreux pays, de l'Asie au Maghreb.
Mais ces armements appartiennent quand même à la guerre conventionnelle, entre adversaires déclarés et déployés en bataille. Dans les conflits dits "assymétriques", où l'adversaire est souvent mal identifié et utilise des techniques de combat indirectes ou totalement non-conventionnelles, le recours à des solutions limitant les risques pour les forces engagées est de plus en plus nécessaire, quand on voit les bilans de pertes militaires en Irak et en Afghanistan.
Avions sans pilote, donc économes en vies humaines, les drones sont désormais répartis en deux catégories, les drones d'observation (Unmanned aerial vehicule - UAV : ci-contre et en bas, le drone britannique HERTI) et les drones de combat (unmanned combat aerial vehicle - UCAV). Ces derniers ne sont pas seulement les projets futuristes ou démonstrateurs technologiques comme le Neuron de Dassault ou le Taranis de BAE Systems, qui préfigurent les combats aériens de demain. Ce sont des UCAV plus petits mais déjà capables de tirer des roquettes ou des missiles ou de lâcher des bombes en toute invulnérabilité pour le tireur, celui-ci pilotant son avion à distance.
C'est ainsi que le MQ-9 Reaper de General Atomics (non illustré ici) a lancé le 7 novembre des bombes de précision GBU-12 à guidage laser, après avoir expérimenté le 27 octobre le tir de missiles AGM-114 Hellfire. Pas en essai mais en réalité, en Afghanistan et sur des cibles réelles. Equipant à la fois les forces américaines et britanniques sur ce théâtre, le MQ-9 est le successeur du MQ-1 Predator, et peut emporter à la fois quatre missiles et deux bombes, ce qui est considérable pour un drone et constitue un changement majeur sur le champ de bataille.
La Royal Air Force a également commencé à utiliser en Afghanistan le système HERTI dans le cadre d'un programme de coopération avec BAE Systems. Ce drone, dont les spécifications ne sont pas précisées par le constructeur, est capable de décoller, d'accomplir sa mission et d'atterrir par la commande d'une souris d'ordinteur, à partir d'une station de contrôle au sol présenté avec l'appareil au salon de Dubai. Il s'agit aparemment d'un drone essentiellement consacré à la surveillance (maritime, côtière, frontière, d'infrastructures) doté d'une grande précision de navigation et d'acquisition et transmission d'imagerie, et avec une autonomie de 24 heures.
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