C'est Carlo, un proche ami italien, mais plus Européen qu'Italien, qui écrit à ses cousins belges (car il a vraiment de la famille belge, comme beaucoup de familles européennes aujourd'hui transversales) ce qu'ils auraient tendance à oublier : nous avons tous besoin d'une Belgique unie et cohérente, car la Belgique reste un moteur essentiel de l'Europe, tout simplement.
"Chers amis Belges,
"Il est évident que votre Pays traverse un moment de difficultés, c'est le moins qu’on puisse dire. Sans vouloir entrer dans les problèmes relationnels entre les deux communautés parce que, en tant qu’Italien vivant en Italie, je n’oserais certainement pas critiquer votre politique intérieure, permettez-moi quand même quelques réflexions.
"J’ai connu pour la première fois la Belgique en 1967, c’était l’Europe des six qui, en fait, marchait à deux “moteurs” : le français et l’allemand. En cette période-là les autres pays - dont l’Italie - avaient d’autres fonctions ou, pire encore, n’avaient pas encore bien défini leur rôle envers la construction de l’Europe.
"Moteurs mis à part, si l’Europe a pu se bâtir (résultat médiocre, je le reconnais, mais nous vivons en paix entre nous depuis 62 ans et cela est déjà un grand exploit) cela est aussi le mérite des belges qui ont su accueillir, comprendre et apprécier les intervenants dans leur territoire, en faisant oeuvre de coordination dans les institutions européennes et ce malgré les coups bas de quelques pays voisins, qui ne se sont pas encore fait à l’idée : capitale de la Belgique égale capitale de l’Europe.
"(...) ce rôle de coordinateur était à l’époque bien partagé entre vos deux communautés. C’est sur ce point extrêmement valable que me portent mes réflexions, tel un médecin au chevet d’un « grand brûlé » s’appliquant sur les cellules encore actives pour reconstruire, peu à peu, tout le corps .
"Je crois fermement que vous devriez regarder plus loin, au-delà de vos frontières (cela n’étant pas difficile vu la dimension géographique !) afin d’assumer la grande responsabilité que tous les Belges ont à nouveau dans la construction de l’Europe des 25, 27, 29, etc. Ceci est le résultat de votre grande expérience de cohabitation et de développement économique, pratiqués pendant plus de 170 ans de votre histoire (...) !
"Que vos politiciens (NL & F) veuillent bien choisir l’Europe comme priorité, faire de l’Europe le « pétrole de la Belgique » une vraie matière première, ressource du sol qui peut contribuer sinon même déterminer votre politique nationale. C’est peut-être bien en faisant preuve de cette capacité-là que la Belgique effrayait « The Economist » au point de sortir son numéro bas-bleu sur la FIN de la Belgique (voir « The Economist » Sep/6.) (...) Vive donc la Belgique/Belgie/Belgien et que, si le cœur vous en dit, on lui laisse bien chanter « Allons enfants de la Patrie » pourvu que Patrie reste bien au Singulier et au Plat-Pays! "
Bonsoir Pierre,
Me voilà de retour pour quelques jours, et je viens de te parcourir.
Pour les Belges, leur hymne national commence ainsi :
"Pays d'honneur O Belgique, O Patrie, ..."
Je viens de passer par là et je peux t'assurer que les Belges, dans leur grande majorité, ne se reconnaissent pas à travers cette "crise" qui est animée par qui et pourquoi.
"Certains prennent le pouvoir grâce à des alliances perverses" (puisque ces mêmes politiques s'en défendent bien pendant les campagnes). Mais c'est pareil chez nous.
Pourtant aujourd'hui, ils percoivent la situation comme grave et s'interrogent sur les tenants et aboutissants de manoeuvres pernicieuses qui pourraient bien ne pas être si bien matrisées que ça.
J'ai noté au passage que la classe politique en général en ressort méprisée et désavouée.
Rédigé par : Nadine | 28 novembre 2007 à 18:16
Bonsoir Nadine, welcome back !
Je poursuis ta comparaison : "c'est pareil chez nous". Peut-être as-tu raison sur les politiques qui souvent lancent des manoeuvres dont le contrôle leur échappe. Je crois aussi qu'il y a, dans nos deux pays, des signes inquiétants d'une incapacité à vivre ensemble entre communautés différentes, qu'elles se distinguent par la langue, l'origine ou le niveau social. Dans la lutte des classes, il y avait encore une hiérarchie, même intrinsèquement injuste, mais ceux du bas aspiraient à rejoindre la position de ceux d'en haut (pardon de caricaturer). Dans la lutte des communautés qui lui a succédé, il n'y a plus qu'une juxtaposition des antagonismes, sans articulation ni dépassement possible. On ne s'en sortira qu'en revenant aux valeurs de civisme, de responsabilité et de générosité.
Rédigé par : Pierre Bayle | 28 novembre 2007 à 22:50
J'adhère totalement à ta façon de penser. Ce qui m'inquiète beaucoup plus, c'est cette levée de sabres pour "hurler" sa différence, quelle qu'elle soit.
C'est à ce niveau là que je me demande si la situation va être maîtrisée.
Et l'Humanité dans tout ça ?
Pourtant le monde évolue, même si on aimerait que tout aille plus vite, sans spasmes et sans séismes.
Contente de te retrouver Pierre.
Rédigé par : Nadine | 29 novembre 2007 à 09:36
Heureusement pour l'Humanité, elle est composée pour moitié de femmes. Et si les hommes font les guerres, ce sont les mères et les épouses qui font la paix. La crainte que tu m'évoques dans un autre commentaire sur un prochain conflit ou une grande catastrophe est statisquement fondée, mais je pense qu'il ne faut pas attendre cette redoutable éventualité pour chercher des solutions de coexistence et de convivialité. On a du boulot, Nadine !
Rédigé par : Pierre Bayle | 29 novembre 2007 à 14:30
Quelle déception, cette utilisation de l'identité en tant que facteur de division et d'exclusion ! Ex Yougoslavie, ex URSS, je n'ose pas évoquer la situation de la Chine... faudrait-il dire ex Belgique ? j'ai connu, (parfois travaillé) en tout cas, partagé et vécu des "histoires humaines" auprès d'hommes et femmes remarquables, les fêtes, les événements de la vie qui ramenaient à l'essentiel, qui rassemblaient .... sans distinction de races, religions, opinions... En tant qu'ethnologue, j'ai parfois peur du silence de nos "chercheurs et scientifiques en sciences humaines" et je pense à la récupération facile d'une certaine idéologie, d'une certaine pensée.... dont par pudeur, je préfère taire le nom....Croire en l'homme oui, oui et mille fois oui mais en l'aidant à combattre ses démons!
Rédigé par : Lantenois | 30 novembre 2007 à 22:00
Oui Catherine, le danger du communautarisme et de l'éclatement des identités nationales est bien là, et il est inquiétant pas seulement pour la survie des Etats-nations, mais pour le respect démocratique de "l'autre" et de l'égalité de tous (sans parler de la fraternité, toujours oubliée). Les théories ethniques sur la supériorité de telle race ou l'infériorité de telle autre reviennent, c'est consternant.
Maintenant, il est vrai que dans la création de ces Etats-nations à peu près stabilisée avec les deux guerres mondiales d'origine européenne, la carte du monde a été figée en 1945 avec le dogme de "l'intangibilité des frontières" comme garant de la stabilité internationale. Mais ce dogme a sacrifié un certain nombre de nations dépourvues d'Etat. La création d'Israël en 1948 a ouvert la boîte de Pandore, et aujourd'hui un certain nombre de grandes communautés nationales mais inter-étatiques aspire à une telle création : les Palestiniens, les Arméniens, les Kurdes mais aussi les Albanais, les Hutus, demain les Zaghawas... Il faut un vrai mécanisme de médiation internationale pour éviter les drames du Proche-Orient, de la Yougoslavie, de l'Afrique...
Rédigé par : Pierre Bayle | 02 décembre 2007 à 15:50
Est ce que vous savez qu'à Bruxelles, capitale de la Belgique, capitale de l'Europe, les pompiers en mission d'urgence, sont tenus de respecter le code de la route comme tout un chacun. En effet, ils doivent respecter les limitations de vitesses (30, 50, 70 km/h), les feux tricolores, les STOP ou balises de pertes de priorité, priorité aux piétons, faute de quoi ils sont verbalisés. Amendes et retraits de permis. Et ça ne rigole pas hein !
Histoire belge ? Non !! Véridique.
Quand l'administration veut se faire "crétine" elle y réussit fort bien.
Rédigé par : Nadine | 07 décembre 2007 à 17:36