Miracle de la technique moderne, les Français ont pu voir ce 31 décembre au soir, de façon parfaitement simultanée, les voeux du président de la République Nicolas Sarkozy sur toutes les chaînes réquisitionnées en direct, et ceux de Ségolène Royal sur Internet, dont les mêmes télévisions n'ont passé qu'un court extrait, mais nous ne sommes plus, il est vrai, en campagne électorale.
On ne peut s'empêcher de faire des comparaisons : tout les oppose et beaucoup les rejoint. J'invite ceux qui ont le temps, et mes amis qui sont à l'étranger, à cliquer sur ces deux liens (l'intervention présidentielle devrait être mise en ligne sur ce lien TF1-LCI) à regarder les deux interventions, elles le méritent.
D'un côté, la France qui réussit, le gagneur, celui qui a remporté le match sur beaucoup de promesses et se bouge tant qu'il peut, mais reste handicapé par le retard d'une situation bloquée depuis des années, explique-t-il. Pas responsable de ce qui se faisait avant 6 mai ? Un style sincère, proche, mais des omissions : tous mes voeux d'abord à ceux qui vont faire la fête, ensuite aux autres qui travaillent ce soir au service de tous, enfin à ceux qui risquent leur vie au loin, les militaires. Hommage légitime rendu aux valeurs, mais pas un mot pour ceux qui auraient le temps de faire la fête mais n'en ont pas forcément les moyens, physiques ou financiers.
De l'autre, la France qui souffre, tous ceux qui attendent aussi la solidarité de leurs concitoyens et d'abord de l'Etat. Un cadre plus sobre, Ségolène n'a évidemment pas droit aux flonflons élyséens, un ton plus grave, pas de connivence. La distance, toujours, un choix qui ne lui a pas forcément réussi jusqu'ici mais qui relève d'un autre type de sincérité. Le rappel d'une France qui se doit d'être d'abord fraternelle, la fraternité étant aussi importante que la liberté et l'égalité dans les valeurs de la République.
Au chapitre des ressemblances, la même impatience : le président frustré de ce que la grande réforme promise mette du temps à se faire, mais c'est à cause des retards accumulés par la France, répète-t-il, et parce qu'il ne veut privilégier le dialogue à la force, le consensus à la violence. Dont acte. Ségolène Royal éprouve une impatience non pas personnelle, mais plus politique : "le temps presse", la France a "le potentiel" qu'il lui faut pour se développer. Manque juste ce développement annoncé, pas encore constaté.
Convergence, donc, pour constater que la France peut faire plus et mieux. Est-ce l'esquisse d'un dialogue ? Sarkozy a besoin d'une opposition pour diriger et gouverner, pas simplement de ralliements individuels. Ce soir, il en avait une.