L'expression avait été forgée par Aldo Moro pour décrire avec une grande prescience le rapprochement progressif de la Démocratie chrétienne et du Parti communiste, réalisé vingt-cinq ans plus tard avec le Parti démocrate (PD). Elle a été sortie de la naphtaline par le leader du PD Walter Veltroni, engagé dans une dialectique encore incertaine avec l'ex-président du Conseil Silvio Berlusconi sur fond de réforme des institutions. Plus qu'un rapprochement objectif, on en est bien aux convergences parallèles.
Il faut avoir la patience de lire les analyses savantes des politologues italiens pour tenter de comprendre, au-delà du raccourci ravageur inventé par la presse de "Veltrusconi" pour schématiser cette alliance gauche-droite improbable, ce qui peut inciter les deux hommes à nouer un dialogue sans apparaître comme trahissant chacun son propre camp.
Veltroni, leader du nouveau PD, se défend de toute trahison en réaffirmant son loyalisme au gouvernement de centre-gauche de Romano Prodi. Il sait que si ce dernier tombe au début de l'année prochaine, le système sera bloqué jusqu'à de nouvelles élections générales, ce qui n'est souhaitable pour personne et ne fera pas progresser la réforme de la loi électorale qui au centre des débats. Car c'est le 18 janvier que la Cour constitutionnelle se prononcera sur la validité du référendum d'initiative populaire visant à l'annulation de l'actuelle loi électorale et contre lequel plusieurs petits partis, craignant de disparaître dans le nouveau système, menacent de se désolidariser du gouvernement.
Prodi défend évidemment la cohésion de sa fragile majorité pour laquelle il doit compter sur toutes les formations politiques, alors que Berlusconi et Veltroni sont plutôt favorables à un système qui consolide l'exécutif et fasse que l'Italie ne soit plus un pays ingouvernable du fait de l'émiettement de l'électorat. Leur convergence porterait sur un système électoral qui mettrait fin à la dictature des micro-partis et renforcerait les mécanismes majoritaires au profit des grandes formations.
Mais certains croient deviner l'ambition cachée de Berlusconi : pactiser avec Veltroni en lui permettant de succéder sereinement - dès que possible - à Prodi, en échange d'un soutien à son éventuelle candidature à la présidence de la République pour succéder à Giorgio Napolitano. S'il dit volontiers avoir "assez donné" comme Président du Conseil, la magistrature suprême ne lui déplairait pas comme couronnement de sa carrière politique.
Une situation que résume de façon très irrévérencieuse le journal satirique "Il Vernacoliere", sorte de "Canard enchaîné" toscan, en titrant à la une : "Le mariage d'amour de l'année : Veltroni épouse Berlusconi". Le reste est absolument intraduisible...
Cette réforme est ABSOLUMENT indispensable! Il FAUT la faire, fût-ce au prix d'une défaite électorale pour l'un des deux camps ... L'intérêt supérieur de l'Italie (et de l'Europe!) le commande.
Rédigé par : Jacques Heurtault | 01 janvier 2008 à 09:49
Jacques
Est ce que par hasard, tu serais homme à te lapider "pour l'intérêt supérieur de ton pays, ou de ta région ou de ta ville" ?
Allons, c'est totalement incompatible avec l'exercice de la politique ça.
Rédigé par : Nadine | 05 janvier 2008 à 14:40