Moins courue que Florence ou même Louxor à Noël, l'ancienne principauté maritime de Pise, sur le débouché de l'Arno sur la mer, est un bijou qu'il faut savoir découvrir dans la lumière de l'hiver, comme beaucoup de villes italiennes, quand un soleil pâle et sans aucune violence donne des teintes pastel aux paysages et aux monuments, jusqu'au marbre de Carrare qui devient délicatement rose.
La ville ne se réduit pas à la Tour, mais tout y mène et c'est encore aujourd'hui, à côté du Duomo, le point de repère qu'on reconnaît de très loin sur l'autoroute. Et le plus beau miracle du "champ des miraculés" de Pise est bien la tour elle-même, penchée depuis presque dix siècles et toujours debout, qui traverse les guerres et les générations et subit encore, impavide, l'assaut incessant des touristes venus de partout pour constater qu'il s'agit bien d'une des merveilles du monde.
Il faut attendre plus d'une heure pour pouvoir gravir son escalier en rond et s'accouder sur le côté le plus penché du sommet, et se donner des frayeurs culturelles. Les moins patients se contentent de se faire photographier en train de "soutenir" la tour pour l'empêcher de tomber. Une blague séculaire mais qui prend des proportions industrielles car on fait la file pour choisir la bonne place, et faire indéfiniment la même photo !
Mais rendons hommage à un tourisme qui, ce n'est pas le cas partout, se montre ici très respectueux des monuments, des pelouses et même d'un relatif silence dans le Duomo, monument imposant à l'extérieur et
impressionnant quand on en découvre l'intérieur, avec cette voûte aux caissons dorés et ces départs de murs en pierres alternées noir et blanc qui rappellent des influences arabes certaines.
Mystérieuse, la chaire située au centre de la nef est un monument dans le monument, dont la base est un enchevêtrement de colonnes, de statues et de lions qui forment un spectacle en clair-obscur assez étonnant.
Moins fréquenté, parce que payant (la visite du Duomo est gratuite), le Baptistère vaut pourtant la visite, comme du reste l'ensemble du site qui ne se limite pas à la tour et aux stands des vendeurs de souvenirs. Mais il est un lieu purement artistique, et le symbole spirituel est très subliminal, comme ces bougies électriques à minuterie qui remplacent les cierges à allumer devant la Madonne et les statues de saints. Pise n'est pas Padoue ou autres hauts-lieux de pélerinage d'une Italie toujours très catholique, où le sérieux quotidien Repubblica, évoquant dimanche dernier le passage de Tony Blair de l'église anglicane à l'église catholique, annonçait qu'il s'était "converti au christianisme"...
Magnifiques tes photos Pap! Et elle est super celle de Di Chao !
Et je voulais te demander, qu est-ce qu il va se passer au pakistan ?
Rédigé par : pop | 28 décembre 2007 à 17:10
Merci pour ton commentaire, Pop ! Pour le Pakistan, l'horreur n'est pas finie, mais le pire n'est sans doute pas certain. Al-Qaeda ne va pas prendre le pouvoir au Pakistan, ni ailleurs ; la dernière fois qu'ils l'avaient pris à travers les Talibans, en Afghanistan, il y a eu une coalition internationale qui du reste y est toujours, même si le président afghan n'est pas si solide. Si tu regardes les commentaires à l'assassinat de Benazir Bhutto, il y a une sorte d'union sacrée de Bush jusqu'à à Poutine...
En revanche la stabilité et la démocratie sont encore très loin à l'horizon pour le Pakistan et le Bangla Desh, dont on parle moins parce que c'est un des pays les plus pauvres du monde mais où la situation est aussi explosive. Quant à l'Inde, la seule chose qui la préserve de nouveaux affontements ethnico-religieux (hindis-musulmans) c'est le développement économique. Enfin, c'est la version optimiste...
Rédigé par : Pierre Bayle | 29 décembre 2007 à 05:18