S'il est une ville qui prend un air de fête plus que toute autre en fin d'année c'est Rome, où le respect des traditions, religieuses et païennes, se conjugue à l'esthétique du décor et à l'art de la mise en scène pour en faire un endroit hors du temps, un symbole universel de la fête de Noël.
L'endroit le plus connu des touristes est la Piazza Navona, où la tradition la plus ancienne voulait que les artisans napolitains fabriquant les santons de crèche viennent installer leurs étals. La tradition s'est maintenue et les Napolitains sont bien là, même s'il n'y a plus guère que quatre ou cinq de ces boutiques, un peu perdues au milieu des vendeurs de confiseries, tirs forains, marchands de jouets et vendeurs de souvenirs dont beaucoup sont asiatiques, de la même façon que les artistes qui font des portraits au milieu de la place sont souvent, comme dans toutes les capitales, des japonais ou des sud-américains.
Mais l'esprit est resté des boutiques et de leurs petites lumières, donnant à ce marché de Noël un air intimiste qu'il n'a nulle part ailleurs, dans une
odeur où le marron grillé l'emporte de loin sur les sucreries et la barbe à papa. Au milieu, une fausse grange abrite la crèche où viennent jouer de temps en temps - car il faut du souffle ! - les pifferari et les zampognari, les joueurs de pifre et de cornemuse avec leurs peaux de mouton typiques de la Ciociaria, tandis qu'à l'autre bout de la place tourne un manège à l'ancienne.
Cachée derrière un échafaudage, la grande statue des fleuves (Nil, Gange, Amazonie, Danube) se refait une santé avec une armée de spécialistes qui restaurent la pierre ancienne à la brosse et à la ponceuse, en petites gestes infiniment minutieux et respectueux. Rome continue le travail de mise en valeur commencé pour le Jubilé et qui lui donne aujourd'hui ces couleurs pastel, ces statues éclaircies, ces fontaines redevenues lumineuses.
Puis il faut remonter le centre vers la place d'Espagne, à travers les
petites rues toutes décorées différemment, lumineuses à toute heure du jour et de la nuit, qui donnent un relief particulier aux palais et maisons baroques aux teintes ocre, rose et crème des restaurations les plus récentes. Pas une faute de goût dans ces décorations de Noël.
Toujours légère, la petite fontaine de la Navicella voit se refléter toutes les guirlandes lumineuses tandis qu'à mi-escalier, sous la façade de la Trinité des Monts à demi-cachée par un échafaudage qui recouvre l'obélisque, encore une restauration en cours, une crèche grandeur nature imite de vieilles maisons et de vieilles auberges d'une crèche napolitaine, et se fond tout naturellement dans les rampes des escaliers, comme si elle avait toujours été là. Cet escalier de la Trinité des Monts est par excellence le théâtre où Rome se donne en spectacle, un spectacle renouvelé à chaque saison : au printemps, ce sera une cascade d'azalées qui descendra les escaliers jusque sur la place, dans une grande symphonie de rose et de rouge...
Tu me donnes une sacrée envie, Pierre, d'y retourner, à Rome! Mais reconnaîtrai-je une ville que je n'ai plus revue depuis 1969? Merci pour ton billet qui donne une si jolie couleur à cette ville de lumières!
Rédigé par : Catherine | 27 décembre 2007 à 14:18