L'Italie a une façon particulière de fêter l'épiphanie le 6 janvier, c'est l'arrivée de la Befana (qui tire son nom d'Epifania), sorcière gentille et beinfaisante agréée par l'Eglise et qui, come les rois mages offrant leurs dons à l'enfant Jésus, apporte des cadeaux aux enfant méritants.
Nettement plus populaire que les mystérieux Gaspard, Melchior et Balthazar, astrologues chaldéens devenus rois par la légende et dont sait seulement que le troisième était noir parce qu'on le représente comme un roi africain dans les crèches, la Befana est une bonne sorcière européenne classique, munie de son balai, de son chapeau et de son nez crochu.
Avatar des druidesses sacrées, les sorcières ont survécu dans l'inconscient européen sans être des personnages négatifs, bien que l'Eglise en ait brûlé des centaines au Moyen-Age. Celle-ci en particulier est attendue par tous les enfants car c'est elle qui, jusqu'à une époque récente, apportait les cadeaux qu'on trouve aujourd'hui dans les crèches dès le 25 au matin, impératif commercial oblige, ou dès le 24 au soir, déposés alors par le Père Noël descendu dans la cheminée.
Mais la Befana, version féminine du Père FouettNewpress, ard, ne donne ses cadeaux qu'aux enfants qui ont vraiment été sages. Aux autres elle apporte du charbon. Enfant, à l'âge où on croit encore au père Noël, j'avais été mortellement blessé d'avoir trouvé du charbon dans la chaussette en coton fixée à la cheminée, même si c'était du charbon sucré à l'anis, qu'on trouve encore en vente aujourd'hui dabns les confiseries. Mauvaise plaisanterie d'adultes, que je ferai jamais à quiconque, je me le suis promis ce jour-là !
Et pendant que les Français s'adonnent au rite répétitif de la galette des rois (entre la famille, le bureau et les amis, on en consomme cinq à six...), les Italiens célèbrent la sorcière gentille, qui ouvre les défilés les plus originaux : à Rome elle précédait dimanche les chars portant les rois mages jusqu'à la place Saint-Pierre. A Florence, deux befane étaient juchées sur une locomotive à vapeur à la gare de Santa Maria Novella, avant le défilé dans la ville. A Venise, plusieurs sorcières ont fait la course en gondole, tandis qu'à Mondovi, la Befana est descendue du ciel en mongolfière, parmi 40 Mongolfières spécialement rassemblées pour la fête. A Milan enfin, elle ouvrait le tradionnel défilé des motos jusqu'à la place du Domo.
A Palerme, par souci du politiquement correct, on avait même organisé une "fête multiethnique de l'Epiphanie", au profit des enfants d'immigrés et de sans logis, avec des cadeaux pour tous. J'ai lu ça dans le Corriere della Sera. En oubliant au passage que si la Befana est "bien de chez nous", les rois mages étaient eux-mêmes une manifestation ethnique, l'hommage des peuples d'Afrique et d'Asie au nouveau Messie.
(Photos : Newpress, Ansa, AP)
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