C’était ce
samedi matin, sur les bords de la Dordogne, du côté de
Cabara. Un charivari d’oies, un peu lointain, sortant de nulle
part. J’ai fini par lever la tête e
t voir un « V »
d’oies en vol, impossibles à compter car très proches
les unes des autres, une vingtaine au moins, certainement plus.
Partant plein Nord, ce premier vol d’oiseaux migrateurs était
le signe précurseur d’un printemps anormalement précoce.
Même à la
hauteur de Bordeaux, où la température est plus douce
qu’ailleurs, les vingt-deux degrés de ce week-end sont très
agréables mais aussi un peu inquiétants. La nature
s’emballe, les arbres bourgeonnent partout et certains commencent
à fleurir. Un effet du réchauffement ? Difficile de tirer des conclusions mais ici les hivers ne sont plus ce qu'ils étaient.
J’ai vu dans la
région des mimosas de six mètres de haut déjà
fleuris et odorants, des magnolias qui embaument, des arbres en
sous-bois recouverts de
fleurettes blanches…
Partout, les signes
de printemps se multiplient. Les bords de l’Isle, qui descend du
Massif central, sont
tout aussi rieurs en cette apparente fin
d’hiver.
Jean-Marie, vigneron
à Pommerol, raconte son inquiétude. Il vient de
terminer la taille de ses vignes en tee-shirt, alors que son père
le faisait en parka épaisse, gants et sous-vêtements en
laine, bottes fourrées, à cause du froid : en février, normalement, il gelait encore. « La vigne risque de pousser d’un seul coup et si
jamais il gèle fin mars, début avril, ce sera une
catastrophe ». Dans les champs de vignes, on voit à peine les
plants appuyés sur leurs rangées de tuteurs, coupés ras et tout nus.
A Saint-Emilion, les
touristes profitent du beau temps et prennent leur temps à
déguster le vin en terrasse, au soleil. Pour la viticulture,
de toute façon, il n’y a pas de saison : le travail est
toute l’année et ne s’arrête jamais. Pour beaucoup
de crus, ce sera bientôt la mise en bouteille du vin d’il y a
deux ans, qui a eu le temps de mûrir en barrique de bois. Des
vins sérieux, pas de ces piquettes qui arrivent sur les tables
au sortir du pressoir, après un passage symbolique dans les
cuves… Le 2002 est parfait, pour le 2003, il vaudrait mieux attendre un peu avant de le servir à table !