Heureuse surprise, après une campagne infiniment médiocre : la base du parti socialiste a donc rejeté, « sans violence et sans haine », le troupeau des éléphants et leurs discours hermétiques. Les bases sont jetées pour que le prochain congrès de Reims puisse rejouer le congrès d’Epinay – je fais partie des nostalgiques… de la machine à gagner.
Côté « conventionnels », les troupes de Ségolène, brouillonnes et enthousiastes, multiformes comme autrefois les « clubs », sont rangées derrière un chef de file qui a autant à apprendre que Mitterrand en 1974 et qui devra se dépêcher, car il ne reste que quatre ans avant les présidentielles. Mais elle a déjà beaucoup appris, à l’évidence, de ses échecs.
Côté « Cérès », la jeune garde de Benoît Hamon, suffisamment représentative pour drainer les courants les plus contestataires mais nécessaires au renouvellement d’un parti infiniment sclérosé. Pas besoin d’être « anticapitaliste » pour penser à gauche et de façon novatrice.
Va-t-on vers une synthèse aussi évidente mas aussi difficile, dans un contexte évidemment hostile ? On peut faire confiance à la Madone du Zénith et à son bagage militaire pour dérouler une stratégie de contournement, voire d’encerclement de ses adversaires, forte du ralliement de tous les hésitants, comme toujours quand la victoire choisit son camp. Beaucoup d’adhérents préfèrent être emmenés par une dynamique unitaire qu’assister impuissants aux conflits des grands chefs.
On peut penser aussi que beaucoup de militants de Désirs d’Avenirs, les « encartés à vingt balles » laissés à la porte du PS mais que Ségolène a su maintenir mobilisés dans ses propres réseaux de sympathisants, sauront désormais franchir le pas de l’adhésion et contribuer au rajeunissement interne du parti.
Le congrès fera-t-il l’économie d’un bilan critique des années écoulées, celles du reflux du PS et de sa déroute logique aux présidentielles ? Sans faire le procès de François Hollande, car les responsabilités sont partagées, le PS a évidemment souffert de son fractionnisme et de son indiscipline – autre façon de nommer l’absence de leadership - et ne s’était pas relevé de son échec au référendum européen.
Au fait, Ségolène sera-t-elle premier secrétaire ? Ayant eu l’habileté de dire que ce n’était pas un préalable, elle a laissé le jeu ouvert. Souhaitons en tous cas que, si elle arrive à former une majorité, elle en assume la direction sans la déléguer à d’autres, comme il lui est arrivé de le faire pour présenter ses positions.
Et espérons aussi que, cette fois, elle n’attendra pas trop longtemps pour prendre son téléphone et appeler ceux des autres chefs de file dont la contribution serait éminemment souhaitable. Aucune raison de laisser à la majorité présidentielle le monopole de l’ouverture !
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