L'élection trop serrée des militants du PS n'a départagé Martine Aubry et Ségolène Royal que de 42 voix, provoquant une brutale poussée de fièvre entre partisans de chacune des deux candidates au poste de premier secrétaire du parti et autant de déclarations fébriles et sans doute intempestives (voir sur le site de Désirs d'Avenir les déclarations de Manuel Valls et Jean-Pierre Mignard: "pourquoi nous appelons à revoter").
En démocratie, une voix suffit pour faire la différence, quelle que soit son origine géographique. Si l'on commence à dire que telle fédération a triché, on risque d'entrer dans un vaste déballage dont personne ne sortira indemne. La bonne logique consisterait pour Ségolène à prendre acte de cette avance de sa rivale, sans demander tout de suite un troisième tour : les irrégularités, s'il y en a eu, peuvent être constatées par les instances propres du parti et c'est déjà risquer une grave dissidence que de contester que ces instances soient légitimes.
Plus encore, en supposant qu'on décide que cette vérification interne ne suffise pas, ce qui va indisposer certains des sympathisants de Ségolène, et qu'il faut demander aux adhérents du PS de revoter pour départager plus nettement les deux candidates, rien ne dit que la mobilisation se fera en faveur de Ségolène Royal. Celle-ci se remettrait alors très mal d'un nouveau vote négatif, alors qu'elle bénéficie aujourd'hui de la suspicion entourant ce trop faible écart. Et il est trop tard pour transformer des sympathisants de Désis d'Avenir en adhérents du PS à jour de leur carte - il y a sans doute eu là une insuffisante mobilisation.
A tout prendre, quel est pour elle le danger que Martine Aubry reprenne le parti ? Objectivement, le maire de Lille a la poigne qui manquait à François Hollande, un sujet sur lequel le congrès de Reims a été étonnamment discret, et on peut lui faire confiance pour redémarrer une machine assoupie et affaiblie par les forces centrifuges.
Cela préjuge-t-il pour autant de la candidature du PS aux prochaines présidentielles ? Rien n'est moins sûr, d'autant que, selon certains de ses proches, Bertrand Delanoé ne s'est retiré de la compétition interne au PS que pour mieux se mettre en réserve de la République en gardant un oeil sur 2012.
Je ne peux pas imaginer que Ségolène Royal, quelles que soient les premières déclarations de ses lieutenants, puisse s'enfermer dans une logique du "tout ou rien". Ce ne serait pas conforme à sa dimension politique, ni surtout aux valeurs qu'elle porte. Il y a certainement une autre dynamique à trouver que de taper du pied par terre.
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