Juste une seconde avant de partir quelques jours en vacances : le temps de nous souhaiter à tous une meilleure année 2009. Meilleure que la précédente, parce que 2008 a comme toujours eu son lot de surprises, bonnes et mauvaises, et qu'avec la sinistrose ambiante on se persuade que demain sera forcément meilleur.
On est toujours à chercher la bonne formule pour souhaiter une bonne nouvelle année, en faisant ses cartes de voeux : "plus heureuse, plus lumineuse, plus ensoleillée, plus riante, plus plus plus"....
Les Romains, qui n'étaient pas stupides et économisaient l'énergie avant de graver la pierre (c'est plus long qu'écrire un e-mail, en fait), avaient une formule raccourcie : F.F.F. sit annus, contraction de "Felix, Faustus, Fortunatusque sit tibi annus", que l'année te soit heureuse, propice et fortunée, ce qui marche toujours.
A tout prendre, 2008 a finalement été une bonne année pour tous ceux qui ont eu la chance de la vivre en entier. D'autres l'ont interrompue (toujours prématurément), beaucoup ne l'ont même pas atteinte et, statistiquement, je commence à compter les rangs de ma génération - chacun sait que l'espérance de vie est une donnée théorique abstraite, délibérément ignorée par les accidents comme par les maladies banales et insidieuses.
Alors, on entend beaucoup disserter sur la crise qui va nous tomber dessus, nous prendre dans ses filets, pire que tout ce que l'on peut imaginer. Pire ? Elle le sera certainement pour tous ceux qui seront rattrapés par le chômage, une autre maladie honteuse, ou par ceux qui arrivent à l'âge de travailler et voient cet âge reculer devant eux, contraints de poursuivre les études.
C'est donc à eux que je pense, à la génération de nos enfants : ils ont eu tellement tout dans leur enfance, ils ont si pleinement goûté de l'abondance et de l'insouciance, et voici qu'ils découvrent brusquement que c'est bouché partout, pour le boulot, pour les stages, pour le démarrage professionnel. C'est à eux que je bois d'abord, à leur courage et à leur ténacité, en leur souhaitant d'avoir la chance que j'ai eue quand j'ai commencé à travailler et que les portes s'ouvraient avec plus de facilité.
Et puis je bois à l'Europe, notre nouvel horizon qui rend nos chauvinismes si campanilistes et désuets. L'Europe qui n'est pas un simple espace géographique mais un espace de valeurs unique au monde, une dimension éthique, un projet dont on peut rester fier et qui reste une référence.
L'Europe de la liberté vraie, y compris de ne pas être d'accord, l'Europe de la générosité vaie, pas de la charité, l'Europe du camembert au lait entier, pas du junk food ni du fromage aseptisé. A tous je souhaite beaucoup de liberté, de générosité et de camembert !