Plaisir inoubliable de découvrir Valérie Lemercier en noir et en couleur, danser à la façon de Michael Jackson dans «Agathe Cléry». Je m'étais forcé à aller le voir en me disant qu'avec Etienne Chatiliez, déjà réalisateur de l'immense "La vie est un long fleuve tranquuille" (ne jurez pas, Marie-Thérèse !), le risque de navet était réduit. Mais je redoutais le côté moralisateur ou sérieux du film car on m’avait dit qu’il était antiraciste. En fait, c'est le contraire d'un pensum : il m’a fait rire de bout en bout, porté par sa légèreté, des dialogues caustiques et des personnages surprenants.
Le moins surprenant n’est pas que ce soit un « musical » français, ou plutôt à la française. Les quelques scènes chantées et dansées arrivent le plus souvent par surprise, avec pas mal d’autodérision, beaucoup de rythme et cette apparence d’improvisation typiquement française qui donne le sentiment que ce sont pas des danseurs professionnels mais effectivement des gens de la rue, des passants pris au hasard ou des commerçants du marché sortis de la vie réelle.
Ce n’est pas une parabole, ni un film ridiculisant le racisme petit-blanc : le racisme anti-blanc de certains noirs en prend aussi pour son grade, avec toujours de la légèreté, et je ne veux surtout pas déflorer l’intrigue bondissante et rebondissante, car on se demande plusieurs fois comment une telle histoire peut se terminer et on est finalement très agréablement surpris que ça ne se termine pas en morale au premier degré.
Valérie Lemercier n’est pas seulement une belle femme, superbement à l’aise dans un grand corps sportif capable de se lancer dans d’étonnants numéros de danse africaine ou de flamenco – on imagine le travail qu’il y a derrière ces trop courtes scènes. Elle est surtout une grande actrice, qui habite son personnage au point de rendre crédibles les situations les plus invraisemblables et, franchement, je n’aurais pas cru en lisant les résumés de ce film qu’un tel scénario pourrait marcher.
Finalement on y croit, on s’identifie aux héros et on déteste les méchants, qui ne sont pas si méchants que ça mais d'abord ridicules - et le ridicule les tue impitoyablement. On rit d’un plaisir honnête et sincère.
Seuls les scrogneugneus vont trouver ça délirant ou déplacé. Mais les enfants, à qui le message est destiné en premier lieu, apprécieront sûrement - ceux qui étaient derrière moi n’ont pas arrêter de glousser. Finalement, c’est un film français dont on peut être fier, et ce n’est pas si fréquent, et qui pourrait avoir autant de succès international qu’Amélie Poulain, surtout après l’élection d’un Obama à la présidence des Etats-Unis.
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