Madrid à Noël est magique, comme beaucoup de villes d'Europe qui s'habillent de lumières pour traverser la nuit. Avec ses vitrines pleines de gateaux, turron, dulce de leche, ses brasseries aux façades en céramique peinte, ses palais du jambon pleins à toute heure, et des gens qui font des courses partout - surtout au Corte Inglès - malgré la crise.
Mais Madrid est différente, comme toujours l'Espagne qui surprend et innove : si les crèches sont bien présentes sur les innombrables petits étals installés Plaza Mayor, le plus étonnant sont les santons vivants qui peuplent cette place dès la fin de la matinée.
Travestis en costumes luxuriants, indien peau-rouge avec un arc menaçant, père Noël fatigué, ange doré, Charlot en noir et blanc en train de manger ses lacets (je crois que c'est dans "La ruée vers l'or"), femme en terre cuite, monstres divers, soldat cybernétique, sorcière à balai, ce sont d'étranges créatures installées sur de petits piédestals.
Ce sont les mêmes qu'on voit à Paris ou dans d'autres capitales, statues immobiles qui attendent le photographe et surprennent le passant distrait, statue égyptienne dorée ou statue marmoréenne classique toute blanche. Sauf qu'ici ce sont des personnages baroques, vivants, provocateurs et surtout très nombreux, avec une imagination qui les met en concurrence.
D'un jour à l'autre, le travesti aux seins démesurés, haut perché sur d'immenses chaussures à talons hauts, avait changé de costume, revenu avec une belle robe bleue pour imroiviser une danse langoureuse et peu classique au son d'un joueur de guitare absorbé, sous un visage torturé aux yeux plissés par l'effort, par un air poignant de flamenco.
C'est évident, ici on est plus proche de la société contemporaine que de la crèche napolitaine... La Movida continue, et fait éclater les traditions. Merci Almodovar !
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