Le consensus des maires de la région parisienne pour rejeter l’idée d’un Grand Paris est révélateur d’un esprit campaniliste qui préserve des intérêts locaux contre une ambition nationale, celle de voir éclore une nouvelle capitale à la dimension de la France.
La gauche s’est rangée derrière Jean-Paul Huchon, le peu dynamique président socialiste de la région Ile de France. La droite a hésité, puis les élus UMP du 92, surmontant leurs divisions, ont rejoint en bloc “Paris Métropole”, un regroupement des collectivités locales créé par les élus de gauche sur une base volontariste, opposé à toute démarche centralisatrice venue “d’en haut”.
Un peu comme si les maires des arrondissements parisiens avaient empêché, à la fin du 19e siècle, le préfet Haussmann de redessiner la carte de Paris lorsqu’il l’a maillée de grandes artères, lui permettant de devenir cette plus belle ville du monde qu’elle est toujours aujourd’hui.
En quoi au fait serait-il “de gauche” de s’opposer à un nouvel urbanisme ambitieux, capable non seulement de concevoir mais surtout de financer infrastructures et aménagements d’ampleur ?
Les tergiversations et hésitations dans l’aménagement des bords de Seine, dans les Hauts de Seine qui sont le département le plus riche de France, montrent bien l’inanité d’un tel débat qui n’a rien à voir avec une dialectique gauche-droite mais beaucoup plus avec un affrontement entre immobilisme et innovation.
Il suffit de voir comment est gérée l’intercommunalité, qui se concrétise en regroupements hasardeux de communes en fonction de la sensibilité des élus, UMP d’un côté et centristes de l’autre, pour comprendre que l’on ne va nulle part si aucun arbitrage ne vient rationnaliser ces rassemblements velléitaires et sans envergure.
Sans doute si le rapport préconisant de fondre les quatre départements en un “Grand Paris” avait été signé par Michel Rocard ou Jack Lang, et non par Edouard Balladur, aurait-il été mieux accueilli. Le plaidoyer pro domo du maire de Paris est plus verbeux que convainquant, surtout qu’il se contente de défendre les droits des habitants privilégiés de sa ville, comme si la capitale n’appartenait pas à tous les Français !
Dans le raidissement actuel de la politique, les grands projets sont gelés et c’est dommage. Lorsque François Mitterrand était président, la gauche n’avait pas hésité à imposer ses grands projets pour Paris, contre les résistances locales et les critiques de son camp. Il faut souhaiter que le gouvernement ait aujourd’hui le même courage, contre les résistances de sa propre majorité.
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