Spectacle assez insolite que celui offert par la Chine le 23 avril au large de Qingdao, pour fêter le 60e anniversaire de la flotte de l’armée populaire de libération (APL) : un défilé de 25 navires chinois escortés par 21 bateaux de 14 pays, en présence notamment des chefs d’état-major des marines russe, américaine et australienne.
Le président Hu Jintao, embarqué sur la frégate Shijiazhuang avec le chef d’état-major de la marine chinoise l’amiral Wu Shengli, a prononcé pour la circonstance une déclaration de paix en affirmant : « la Chine ne lancera jamais de course aux armements et ne créera aucune menace militaire pour aucun pays ».
La Chine vient de publier la semaine dernière un plan de modernisation de sa défense dans lequel la priorité n’est plus donnée à son renforcement militaire sur le détroit de Taiwan, compte tenu de la détente entre la Chine et Taiwan. Lancé en outre depuis la ville qui a hébergé l’été dernier la partie aquatique des Jeux olympiques, cet appel a bien valeur de symbole.
Il n’empêche, ce défilé abondamment illustré par l’agence Xinhua a été une démonstration de force avec six frégates (Zhoushan, Xuzhou, Luoyang, Mianyang, Wuhu et Cangzhou), cinq frégates lance-missiles (Shenyang, Lanzhou, Guangzhou, Harbin, Dalian), un transport de chalands de débarquements (LCD 998 Kunlun shan) et surtout quatre sous-marins dont pour la première fois montrés deux sous-marins nucléaires (Longue Marche 3 et 6) et deux sous-marins classiques (Grande Muraille 177 et 218).
Le défilé a été survolé par 31 aéronefs dont un avion de guerre électronique, un avion de patrouille maritime, une escadrille de chasseurs-bombardiers, une autre de chasseurs, un détachement d’hélicoptères de lutte anti sous-marine et un détachement d’hélicos Search & Rescue.
La Chine entend ainsi rappeler qu’elle est une puissance navale et sa marine escorte désormais les navires de commerce et pétrolier chinois jusqu’au large de la Somalie, participant ainsi au dispositif international contre la piraterie et confirmant l’intérêt stratégique de la Chine pour le continent africain.
Avec la participation de quelques voiliers-école et des fanfares de plusieurs marines étrangères, la cérémonie a donné lieu à des scènes originales de fraternisation entre marins chinois et marins américains. Egalement symbolique était la participation à ce défilé de la marine royale australienne (RAN) avec un pétrolier ravitailleur (HMAS Success) et un Patrol Boat (HMAS Pirie), alors qu’un débat animé a eu lieu en Australie sur les axes prioritaires pour la défense de ce pays.
Contre les recommandations américaines de se concentrer sur les menaces non-conventionnelles, le nouveau Livre Blanc australien, dont la presse anticipe la publication fin avril, devrait donner la priorité aux armements conventionnels notamment le renforcement de la marine australienne en unités de surface et en sous-marins, pour faire face à la montée en puissance de la Chine. Un point de vue contesté par les services de renseignement australiens, mais soutenu par les “faucons” au parlement et par le gouvernement lui-même, même si les spécialistes estiment que tous ces ambitieux plans d’équipement sont aujourd’hui peu réalistes au regard de la crise économique mondiale.
Les commémorations du soixantenaire de l’APL culmineront à Pékin le 1er octobre, date de la révolution chinoise. Il n’est pas certain que des chars américains et russes défileront aussi place Tienanmen.