Totalement insolite, le Messerschmitt 163 Komet à l’étrange silhouette a été conçu en 1941 comme le seul avion-fusée de chasse, capable de fondre sur les bombardiers anglo-américains en frôlant la vitesse du son pour repartir ensuite en vol plané, faute d’autonomie suffisante. Il fallait du courage aux pilotes pour monter à bord de cet engin très spécial, comme il en faut aujourd’hui au pilote de la réplique sans moteur qui se livre à des démonstrations aériennes comme celle de ce week-end à La Ferté Alais, en région parisienne.
L’avion d’origine était peint en camouflé, grosse silhouette trapue, et équipé d’un moteur Walker HWK 109-509A (une fusée, pas un réacteur) qui le propulsait à 1.700 CV, mais uniquement en phase d’attaque : l’avion était d’abord remorqué comme un planeur, puis largué à proximité des vagues de bombardiers qu’il devait intercepter et avec sa formidable ressource, attaquait en chandelle, capable de monter jusqu’à 30.000 pieds (10.000 mètres). Arrivé sous les bombardiers, il pouvait tirer de ses deux canons de 30 mm, puis repartir en vol plané, et pouvait répéter l’opération… une deuxième deux fois seulement. Son autonomie était en
effet limitée à une centaine de kilomètres, et son aérodynamique (ailes courtes, fuselage court et massif) ne le prédisposait pas de longs parcours planants.
Sur les 400 construits entre 1943 et 1944, 279 seulement ont été en service, avec une efficacité limitée puisqu’il a eu plus de pilotes tués (y compris au retour et à l’atterrissage) que de cibles abattues. Une mise au point trop rapide, et surtout l’instabilité du mélange propulsif, faisaient de cet appareil une véritable bombe volante. Le pilote ne disposait pas d’un siège éjectable mais pouvait larguer sa verrière de cockpit et sauter avec son parachute, ou bien il pouvait déclencher un parachute sortant du fuselage qui amortissait la chute de l’appareil…
Construite en 2006, la réplique de cet avion est un simple planeur dépourvu de son moteur, ce qui lui confère une plus grande légèreté (500 kg contre presque 4 tonnes avec moteur, combustible et armement).
La différence, c’est que cette réplique peut atteindre 230 km/h alors que l’original dépassait 950 km/h. Le pilote de cette réplique, qui a été sponsorisée par EADS, est un ancien capitaine de la Luftwaffe avec une expérience d’avion de chasse. Une expérience nécessaire pour contrôler ce planeur très particulier, dont on se demande parfois comment il fait pour planer…
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