L’émirat de Dubaï, où vient de se terminer Dubaï Air Show, le salon aéronautique international biennal, est un fascinant mélange de crise et de prospérité insolente, avec d’un côté une crise immobilière liée à l’excès de spéculation et de l’autre tous les signes d’un dynamisme intact déjà tourné vers l’économie post-pétrolière.
Un contraste de tous les instants, entre les chantiers de gratte-ciels laissés en suspens et le luxe effréné que l’on voit jusque dans les moindres détails des galeries commerciales, ces “Malls” interminables qui sont autant de cavernes d’Ali Baba avec une profusion de vêtements de luxe des plus grandes marques, bijoux, parfums, spécialités gastronomiques, confiseries et pâtisseries, sans oublier les épices traditionnelles…
Si la tour “Burj Dubai” de plus de 800 mètres est bien achevée – avec une inauguration officielle prévue en début d’année prochaine – et domine le paysage de sa silhouette extra-terrestre, d’autres chantiers, dont la tour de 600 mètres “Pentominium” récemment lancée, semblent aujourd’hui ralentis.
Mais les centres commerciaux présentent toutes les grandes marques connues avec des rabais sur les prix (jusqu'à 75 % !) qui justifient qu’on vienne “faire les soldes” à Dubai, comme c’est désormais organisé par les “Tour Operators”. Une profusion qui suscite des contrastes étonnants, mais qui rappelle aussi que les Emirats arabes unis (EAU) sont un lieu de tolérance et d’ouverture.
Les Emirats, et Dubaï en particulier avec sa compagnie Emirates, sont devenus le carrefour international obligé, avec un hub aéroportuaire qui continue à stupéfier : les passagers d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Afrique s’y croisent à un rythme hallucinant, et le simple ballet des décollages, avec trois gros A380 d’Emirates par jour, toujours pleins, est un spectacle rare.
La seule contrainte à ce développement étant la dimension de l’aéroport international de Dubaï, que devrait compléter ou remplacer un maxi-aéroport à Djebel Ali, au sud de la ville, qui permettrait d’accueillir les maxi-porteurs en plus grand nombre. Mais ce chantier, lui aussi, semble accuser un certain retard.
En attendant, l’appareil A380 présenté par Airbus au Dubaï Air Show, avec toujours le même succès d’affluence, était parfaitement dans son élément. Mais l’évolution était intéressante, d’un salon à dominante aviation commerciale à un salon plus ouvert à la composante militaire : les Etats-Unis y étaient en force avec toute la panoplie de leurs avions et hélicoptères de combat.
Les Européens n’étaient pas en reste avec l’Eurofighter, déjà commandé par l’Arabie saoudite et en compétition ailleurs dans la région, et le Rafale, qui pourrait remplacer le Mirage 2000-9 de l’armée de l’air des EAU et a été très visité. Grand succès aussi pour l’hélicoptère de combat Tigre, engagé depuis cinq mois en Afghanistan et dont les démonstrations acrobatiques ont impressionné.
Cette composante militaire du salon ne correspond pas à un nouveau cycle particulier dans la politique d’équipement des pays de la région du Golfe. Il n’est que le reflet d’une préoccupation, celle de se doter de moyens renforcés face à un risque réel de déstabilisation de la région en cas de crise avec l’Iran. Ici, l’Iran est à moins de 200 km de distance…