Prévenance et information en temps réel, la SNCF a beaucoup appris des récentes séries noires de pannes sur l’Eurostar : une panne de motrice, samedi de Pâques sur un Corail surbondé parti de Paris pour Toulouse par Orléans, Limoges et Montauban, a donné l’illustration d’une gestion efficace et transparente.
Départ 7h40 de la gare d’Austerlitz, le train roule dix minutes en banlieue puis s’arrête une première fois, hors de toute gare. Les passagers sont comme d’habitude priés de ne pas descendre sur la voie. On repart et, quelque dix minutes plus tard, arrêt à Juvisy.
Cette fois l’information est quasi instantanée, répétée sur les hauts-parleurs du bord : “en raison d’une panne de motrice, le train est arrêté pour une durée indéterminée, nous nous excusons pour le désagrément”.
Puis ce sont les contrôleurs et agents de sécurité qui passent, rassurants : le message est bien passé, une nouvelle motrice est déjà en route, le temps qu’on enlève celle-ci, que l’autre arrive, qu’on l’installe, dans une heure au plus on sera repartis !
Des agents de sécurité sont venus en renfort, remontent les wagons en fournissant un luxe d’explications techniques aux passagers. L’un se hasarde même, un peu imprudemment, à garantir que toutes les correspondances seront assurées…
Malgré le froid, beaucoup de passagers sont descendus sur le quai pour voir la manœuvre. La machine coupable est découplée et repart honteusement par la voie parallèle. Le train sans motrice a l’air un peu nu, et voit passer à côté de lui trains rapides et TER avec une frustration croissante pour ceux qui attendent.
Finalement la nouvelle motrice arrive, trois voies plus loin. On entend les conversations sur les talkies-walkies : on doit attendre le passage d’un “Grande Ligne” pour que la régulation autorise la motrice à traverser les voies et rejoindre la nôtre, par les aiguilles en sortie de gare. En attendant, les conducteurs et régulateurs s’interpellent joyeusement d’un quai à l’autre.
A bord, le chef de train a déjà prévenu les passagers que le départ est proche. La motrice arrive à reculons, c’est exactement la même, sauf le numéro. Manœuvre d’approche au ralenti, elle enfonce les heurtoirs, les freins sont bloqués par le conducteur, qui abaisse le pantographe pour isoler la machine, le mécano peut descendre en sécurité sur la voie pour terminer l’accrochage.
Tout le monde est remonté, sourires, les agents sur le quai font un signe de la main. A bord, les contrôleurs commencent à renseigner sur les nouveaux horaires d’arrivée aux différentes gares. Personne n’est ravi, pas génial de commencer un week-end pascal avec deux heures de retard, mais personne n’a protesté. Juste une affaire de sourire et de transparence des agents.
A l’arrivée en gare de Limoges (la plus belle en France avec celle de Perpignan, chère à Dali, et la Gare de Lyon à Paris), dernière surprise : des taxis pour les correspondances proches déjà parties. Et pour faire attendre les passagers en transit pour Périgueux, avec un train deux heures plus tard, un déjeuner est servi avec pâté, canard en sauce et flan aux amandes. Qui a dit qu’on était mal traité à la SNCF ?
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