Une nouvelle espèce serait menacée aux Etats-Unis : non pas les bisons, déjà disparus, mais les WASP, les White Anglo-Saxon Protestants, selon une étude démographique du très sérieux Pew Research Center.
Mon attention avait été attirée par un petit article en bas de page du non moins sérieux “International Herald Tribune”, titrant : “les femmes blanches ne donnent plus naissance qu’à la moitié des bébés aux Etats-Unis” et expliquant que “le pourcentage des bébés nés de mères blanches non-hispaniques est tombé à 53% de toutes les naissances aux Etats-Unis en 2008, alors qu’il était de 65% en 1990”.
La démarche est scientifique puisque le Pew Research Center s’est lui-même fondé sur des données statistiques du Centre national pour les statistiques de santé et du Bureau du recensement. Lesquelles ajoutent sérieusement, à la rubrique “race et ethnie” que si les femmes blanches sont passées de 65% en 1990 à 53% du total en 2008, la proportion des femmes hispaniques “a crû dramatiquement, jusqu’à un quart” du total, passant de 14 à 24% sur la même période. (Par honnêteté, je devrais traduire "drastically" par "de façon spectaculaire", mais bon...)
Si le communautarisme américain consiste à respecter les appartenances d’origine, ethniques et confessionnelles, il trouve ici ses limites : sauf à les considérer tous comme métissés, ce qui n’est pas le cas, les hispaniques sont plutôt identifiés sur un critère linguistique et culturel qu’ethnique. Et comme les catholiques irlandais et polonais à la fertilité traditionnellement plus élevée – pour rester dans le cliché – sont minoritaires dans la population “blanche”, on peut penser que cette étude reflète une inquiétude très WASP face au dynamisme des Latinos, une préoccupation souvent exprimée dans les armées américaines.
Au total, du reste, le tableau de la répartition des naissances montre que si les “naissances de mères banches” sont en recul (-12%), c’est également le cas des mères noires (“Black”) qui passent de 16 à 15 % (-1%) alors que les “Asiatiques” passent de 3 à 6 (+3%) et les “Hispaniques” augmentent donc de 10%. Quant à l’addition mères “blanches” et “hispaniques”, que je me suis autorisée, elle est pratiquement stable à 77% du total contre 79% en 1990.
Si l’étude révèle également une augmentation spectaculaire des mères célibataires (40%, contre 28% en 1990) et des mères étant passées par l’enseignement secondaire (53% contre 41%). Elle lie également le dynamisme des naissances à la part croissante des naissances de l’immigration par rapport aux bébés nés de mères américaines : 24% des bébés sont nés de mères immigrées en 2008 contre 15% en 1990 (selon des chiffres extrapolés en tendance, les statistiques disponibles s’arrêtant en 2004)
Les Etats-Unis restent globalement un pays démographiquement dynamique avec un taux de fécondité de 2,1 enfant par femme (soit le taux de remplacement des deux parents), au même niveau qu’en 1990 (avec un ralentissement en fin de période lié à la crise économique). Ils sont encore très loin devant la plupart des pays occidentaux (Canada, Europe) et du Japon, parmi lesquels l’Autriche, l’Italie et le Japon ont un taux très bas de 1,4 enfant par femme.
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