J’ai pris le risque d’ennuyer les lecteurs d’âge moyen, mais ce n’est pas à eux que je m’adressais en écrivant ces quelques pages, sous le titre “Bidassov – Carnets d’un appelé” : c’est aux jeunes que je voulais transmettre le témoignage de quelque chose qui appartient définitivement au passé, avec la triste disparition de la conscription.
Le risque est limité, puisque le livre ne paraîtra pas en librairie - j’ai publié à compte d’auteur sur jepublie.com avec un tirage de trente exemplaires pour quelques parents et amis, cela m’évitera de finir tête de gondole dans une gare. Est-ce que j’ai une tête de gondole ? Tirage suivi d’une mise en ligne sur Internet grâce à numerilog.com, où on peut l’acheter en format PDF pour la somme extravagante de 9 Euros !
Comme indiqué par l’avertissement au lecteur, mon récit n’apportera rien à ceux qui ont vécu l’aventure du service militaire, sauf un brin de nostalgie. Mais il ne s’adresse pas à eux. Il est le témoignage d’une époque révolue depuis que la suppression du service en 1996 a mis fin au système de la conscription mis en place en 1905 : les appelés sont sortis du paysage et leurs héritiers, les réservistes, sont en train de disparaître sous leur forme actuelle de citoyens en armes.
Cette aventure que j’ai vécue comme des millions de Français avant et après moi, c’était l’initiation unique dans la société républicaine, celle du brassage des milieux et des valeurs autour des valeurs communes, un passage obligé qui manque de plus en plus dans la société d’aujourd’hui. C’était aussi une aventure physique unique, à pied et en blindé, dans les montagnes enneigées ou sur les bords de la Loire et du Rhin, une fantastique expérience pour reculer ses propres limites. Sans équivalent aujourd’hui, sauf peut-être du côté des accro-branches et autres Via Ferrata…
L’époque était un peu spéciale : l’armée se remettait à peine de la guerre d’Algérie, terminée en 1962, et les soubresauts de 1968 faisaient souffler le vent de la contestation travers l’Europe. Malgré cela, des hommes de droite et de gauche se sont retrouvés sur un terrain commun, celui du patriotisme, pour faire que l’armée reste une valeur partagée. Les années 1970, c’est aussi l’époque où Charles Hernu et certains, peu nombreux, tentaient de réconcilier la gauche avec son armée, au-delà de toutes les sirènes anti-militaristes. Ce sera réalisé en 1981…
Mon expérience, ici décrite avec les mots du jeune idéaliste un peu benêt et un peu désarçonné par une réalité qui lui échappe, ne m’a pas laissé indemne puisque j’ai décidé ensuite de ne pas couper le contact avec la chose militaire, avec cette armée que je reconnaissais mienne : trente ans passés ensuite dans la réserve, un long parcours que je ne regrette pas, bien au contraire. Mon récit est dédié aux réservistes qui se battent avec enthousiasme et générosité, pour que survive un engagement ancré dans la société française à travers les générations. Et, plus largement, à tous les jeunes en quête de valeurs qui se posent la question de ce qu’ils peuvent faire pour la défense de leur pays.
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