Ouragan sur la Toscane, tempête politique à Rome : les effets de la chaleur sont dévastateurs en Italie, même s’il est difficile d’établir le sens des liens de causalité – mais si la météo influe sur les comportements, il paraît douteux que Berlusconi, malgré l’étendue de ses pouvoirs, fasse la pluie et le beau temps.
Accueil mitigé en Toscane, où depuis deux jours les orages s’enchaînent avec une rare violence, très en avance sur les habituelles intempéries de la mi-août. Le Libeccio souffle du sud-ouest, poussant un air chaud et chargé de sable et roulant de gros nuages sombres qui alternent orages électriques et trombes d’eau. 10.000 coups de foudres ont été comptés pour la journée de jeudi en Toscane, sous un ciel de fin de monde zébré d’éclairs se déversant en pluies diluviennes : 130 mm d’eau à Carrare, au nord de la Toscane, 80 mm à Viareggio où plusieurs passages souterrains ont été inondés.
A Rome, l’orage a éclaté avec brutalité au sein de la majorité, et toute la presse titre sur le grand divorce entre le président du conseil Silvio Berlusconi et le président de la chambre des députés Gianfranco Fini, leader d’Alleanza nazionale dont plusieurs députés ont été accusés de participer à la déstabilisation de la majorité, notamment par “le dénigrement dans la presse”. Berlusconi voudrait expulser la formation de Fini du “Peuple de la liberté” (PDL), la coalition gouvernementale, et obliger Fini lui-même à démissionner de son poste de président de la Chambre car il n’est plus à même de garantir la confiance dont a besoin la coalition pour gouverner.
“Pas question”, a répondu ce dernier. Fort de son groupe de 35 députés dont lui-même, il sait qu’il peut mettre le gouvernement en minorité car la coalition n’a que 27 voix de majorité seulement. Au risque bien entendu de sacrifier le ministre et les deux secrétaires d’Etat qu’il compte dans la coalition gouvernementale. Certains commentateurs estiment que Fini serait prêt à participer à un gouvernement de transition pour préparer l’après-Berlusconi. D’autant que l’autre partenaire du gouvernement, la Ligue Lombarde, est déjà en rivalité frontale sur tous les plans avec le président du conseil.
La gauche ne s’y est pas trompée. Le leader du Parti des démocrates (PD) Pierluigi Bersani, affirme : “c’est une crise, il faut que Berlusconi vienne s’expliquer au parlement”. Et d’ajouter : '”pour notre part, le PD est prêt à soutenir un gouvernement de transition”.
Intéressante Italie, souvent en avance d’une évolution sur la France. Elle illustre à nouveau une pratique récurrente de la démocratie : ce n’est pas l’opposition qui fait l’alternance, c’est l’implosion de la majorité. C’était le cas lorsque Romano Prodi a été mis en minorité sur sa gauche. Cela pourrait bien être le cas en France, si les vents orageux qui soufflent sur l’Italie politique se propulsent au-dessus des Alpes. Météo à suivre…
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