Le gel arrive, il faut se dépêcher de rentrer les géraniums ! C’est même un peu tard, les plantes sont pleines de neige, deux nuits en dessous de zéro degré et c’est cassé, fini, brûlé… Chaque année c’est la même surprise, l’hiver arrive trop tôt, trop vite, trop brusquement et le thermomètre chute d'un coup.
Cela dit, les géraniums ont de la chance. On s’occupe d’eux, on les range, on les entoure. Pas comme ces SDF abandonnés sur le trottoir, que personne ne ramasse alors qu’ils sont au milieu de la chaussée, pelotonnés sur les grilles du métro à récupérer un peu d’air chaud et pourtant malodorant.
Il paraît qu’il en a de plus en plus, des sans logis, et qu’il y a de moins en moins d’abris pour eux. Il paraît même que les sans-logis étrangers viennent piquer les abris des SDF bien français. Shocking ! Pourtant c’est d’une simplicité biblique : les sans-logis sont sans logis comme les sans-papiers sont sans papiers, et ça n’a rien à voir avec leur lieu de naissance.
Je regarde mes géraniums avec un air bizarre. Et s’ils étaient étrangers ? Hollandais, comme les tulipes, ou importés de plus loin, des fleurs non communautaires ? J’en frémis. A part mes quelques arbustes, aucune de mes fleurs françaises n’a survécu à l’automne. Les étrangers sont plus coriaces, comme ce petit érable du Japon qui bourgeonne sous la neige sans aucun complexe. Il y a à peine trois semaines, il avait encore de superbes feuilles rouges, qui sont parties d’un seul coup. On ne chôme pas, chez les Japonais !
Mais revenons aux SDF, qui n’entrent dans aucune orangerie. C’est la saison des tentes Quechua (merci Décathlon, elles sont géniales) qui s’intègrent parfaitement au paysage urbain parce qu’on peut les monter sans planter de piquets. Pratique, sur un trottoir en béton ou sur les pavés.
On va en voir pousser dans les jardins publics (pas au bois de Vincennes, la mairie a tout nettoyé au bulldozer), sur les quais de la Seine, près des gares et même sous le périphérique. On aura droit à quelques reportages sur France 3 sur les Restaus du coeur, avant le retour du Téléthon et dans la guimauve des sentiments généreux d’avant Noël. Après, on passera à autre chose, forcément, on s'habitue tellement vite. Il faut juste souhaiter que l’hiver ne soit pas trop long ni trop dur, pour tous les géraniums et tous les SDF qu’on n’aura pas pu rentrer…
Moi c'est ce qui m'a le plus choquée à mon retour de Chine : en 2006, la misère c'était normal là-bas, les gens "normaux" eux-mêmes "survivent" comme ils peuvent. Quand on arrive en France, on est choqué de voir la richesse déborder de partout et au milieu ces gens qui n'ont rien.
Mais bon en 2010, Pékin était quand même beaucoup plus propre et riche, ça commence à devenir pareil là-bas.
Rédigé par : Pop | 20 mars 2011 à 23:45
Oui mais si je ne me trompe pas, les pauvres à Pékin on les garde au-delà du huitième périphérique ? Donc on évite les contrastes comme à Paris avec les SDF sur les Champs...
Rédigé par : Pierre | 21 mars 2011 à 15:51