Ecrivain, peintre, “psychologue clinicienne et psychanalyste”, comme elle se décrit elle-même, Françoise Cloarec a beaucoup de talents, mais sa première qualité c’est d’être bretonne.
Dans sa petite maison bleue, perchée non pas sur la colline mais sur une petite falaise de Pen Bé au bord de la mer de Guérande, face au vent, Françoise vient retrouver ici ses souvenirs et son inspiration.
Pas possible de résumer Françoise, ses vies et ses parcours… On en trouve des indices sur son site personnel où, par chance, elle a mis des photos d’un certain nombre de ses tableaux. Mais ses itinéraires les plus lointains se croisent encore et toujours et, si Pen Bé est loin de tout, le téléphone portable la rapproche de ses amis de Syrie pour qui elle s’inquiète si fort, aujourd’hui.
L’orient, c’est une découverte qu’elle a faite à travers ses différents talents : l’art, la littérature, la psychanalyse. Il suffit de suivre ses ouvrages, depuis “Bîmâristâns, lieux de folie et de sagesse”, une étude des hôpitaux psychiatriques syriens précurseurs de la médecine douce et de la compréhension du malade, jusqu’à “Désorientée - les routes incertaines”, avec une approche intéressante du “syndrome de Stendhal”, en passant par “Syrie, un voyage en soi”, “Le Caravansérail” ou “Le temps des consuls”. Alep revient en toile de fond d’une scène peuplée des personnages les plus lointains et aussi les plus proches.
Un tableau résume ses rencontres : un personnage d’orient, certainement un Hittite ou un Mésopotamien, dévisage interloqué une Bigouden qui ne semble pas la moins étonnée. Une esquisse au fusain, sur une toile encore blanche, laisse apparaître une autre Bigouden… Mais le téléphone la ramène à ses amis d’Alep, eux-mêmes pleins d’angoisse.
Heureusement, un autre sujet continue à l’occuper aussi : Séraphine, ce personnage d’une peintre “naïve” au sens intégral incarnée à l’écran par Yolande Moreau, un sujet pour lequel Françoise s’est passionnée en lui consacrant une thèse en 1984, “Un cas de peinture spontanée : Séraphine de Senlis”. Elle continue à être sollicitée pour des conférences-débat sur le sujet, y compris dans sa Bretagne natale.
Mais la Syrie n’est pas oubliée. En faisant le marché à Guérande, elle entame une discussion passionnée avec un vendeur de savons d’Alep, et tous deux concordent sur le meilleur fabriquant et sur les marques qui “ne sont plus ça”. Ils sont intarissables et connaissent les producteurs par leur nom.
C’est un secret, mais il se pourrait que le prochain livre de Françoise soit consacré aux savons d’Alep. Chut, c’est confidentiel !
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