Le sanglier, dont la chasse est limitée par des contraintes sévères, est devenu une préoccupation croissante dans nombre de régions de Méditerranée où il prolifère et envahit le territoire en endommageant les cultures et en s’imposant peu à peu dans le paysage habité.
En Italie, et en particulier en Toscane où le sanglier a été implanté pour satisfaire aux besoins de la chasse, cet animal s’est multiplié hors de toute prévision du fait des nombreux parcs naturels protégés – la région représenterait 3% de l’ensemble des sangliers en Europe, avec des dommages aux cultures indemnisés pour des millions d’Euros. L’île d’Elbe est dans une situation préoccupante car la multiplication des ces animaux sauvages a dépassé toute prévision et les battues ne suffisent plus. La direction du parc de l’île vient de commander seize cages à porte automatique pour capturer l’excédent de sangliers sans que les cultivateurs – qui sont aussi chasseurs – fassent justice eux-mêmes hors chasse autorisée, après les dégâts considérables causés aux cultures, vignes et jardins qui sont une partie de la subsistance de l’île.
Sur le littoral toscan, la présence de parcs naturels et réserves forestières est une aubaine pour les sangliers, qui s’y multiplient sans être inquiétés puis font des incursions hors des parcs à la recherche de nourriture, dans les cultures ou les décharges publiques. Si le sanglier adulte reste à l’écart des zones habitées et des humains dont il se méfie, à juste titre, il n’en va pas de même pour les plus jeunes, notamment les marcassins laissés orphelins par le fait que leur mère a pu être abattue par un chasseur. Ainsi ce petit groupe de trois grands marcassins, deux mâles et une femelle, venu brouter l’herbe devant le village de Populonia au-dessus du Golfe de Baratti, avant de s’enhardir à entrer dans le vieux village fortifié et attendre devant la porte d’une maison d’où s’échappait une bonne odeur de cuisine.
Méfiants pas mais totalement farouches, ces trois jeunes sangliers visiblement affamés ne se laissaient pas toucher mais venaient à proximité des personnes qui leur donnaient du pain. Et restaient totalement indifférents aux chiens qu’ils voyaient de loin et qui, eux, ne se risquaient pas à les approcher !
Avec un caractère déjà affirmé, le plus gros des deux frères (au-dessus à droite) s’imposait comme le chef en prenant toute nourriture qui leur était lancée, tandis que leur sœur (à gauche) manifestait son indépendance en allant renifler plus loin.
L’histoire ne dit pas si elle se termine bien. Car le risque est qu’en se laissant apprivoiser, ces jeunes sangliers perdent leur méfiance naturelle et, en grandissant, deviennent un danger pour les humains et les animaux domestiques qu’ils auront appris à croiser. Pour l’instant, c’est eux surtout qui s’amusent à faire courir les touristes et visiteurs en se lançant à l’assaut de tout sachet en plastique susceptible de contenir de la nourriture – une preuve de leur remarquable faculté d’observation et d’adaptation !
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