Et si la vraie différence, pour le choix d’un président, c’était que les Français ont envie aujourd’hui d’être un pays normal, respecté pour sa puissance sans être obligé de toujours se mettre en scène, dans un « protagonisme », pour un reprendre une belle expression du vocabulaire politique italien, qui est trop souvent vécu par ses alliés et partenaires comme une insupportable arrogance ?
Je me suis gardé cette fois-ci de participer sur ce blog au débat des présidentielles. Non par fausse pudeur, car je n’ai jamais caché mes idées et milite activement par d’autres canaux en faisant circuler des idées et programmes qui me paraissent intéressants. Mais je veux conserver à ces « pensées » une certaine légèreté, et ne voulais pas ajouter au bruit de fond une valeur ajoutée très relative.
Je l’avais fait aux dernières présidentielles de 2007, ferraillant avec enthousiasme pour Ségolène Royal, par pur romantisme et sans arrière-pensée, et avec juste ce qu’il fallait de naïveté militante. Je ne le regrette pas une seconde, car cela valait la peine de se battre même si, au bout du compte, j’ai partagé la déception de beaucoup sur la candidate, la campagne et l’insuffisante mobilisation du parti socialiste.
Cette fois-ci, au terme d’une campagne nettement plus cohérente et tonique à défaut d’être flamboyante, François Hollande apparaît comme ce qu’il est : un homme déterminé, structuré mais surtout normal, et c’est curieusement ce qu’on lui reproche. Non, il n’est pas un agité, ni un tribun, ni vraiment un leader charismatique, pas un velléitaire et surtout pas un romantique. Les médias continuent à le décortiquer et, faute de pouvoir justifier les qualificatifs de mou, hésitant, timoré qu’il a largement démentis dans sa démarche publique, ils le qualifient désormais de terne ou trop petit pour le costume présidentiel…
Et si les spécialistes se trompaient ? Si au contraire les Français n’avaient pas besoin de s’identifier à un président différent qui ne serait pas le père, le dirigeant suprême, le Conducator, le porte-parole autoproclamé d’une France éternelle mais si loin de la réalité ?
La faiblesse de notre pays c’est sa nostalgie irraisonnée de la « grandeur ». Car pour assumer la grandeur, il faut un grand chef d’Etat capable de donner de grands moyens à de grandes ambitions. Le Gaullisme triomphant des années 1960 correspondait à un moment où la France, tirant un trait sur son empire colonial et connaissant une belle croissance économique, pouvait se donner les moyens du rayonnement politique, diplomatique et militaire correspondant au rang qu’elle entendait tenir.
De ce Gaullisme, il reste une légitimité internationale, celle du siège permanent au Conseil de sécurité en tant que puissance nucléaire, mais pas grand-chose de plus. Même l’interventionnisme militaire tous azimuts, jusqu’à récemment un des attributs de la puissance, ne peut plus s’exprimer qu’à travers des coalitions et des alliances reposant sur les infrastructures américaines, on l’a vu en Libye comme on le voit encore en Afghanistan.
La France sera d’autant plus respectée dans ce monde nouveau et difficile, celui des crises économiques et des restrictions budgétaires, qu’elle cessera de donner des leçons à tout le monde et de prétendre avoir raison toute seule, en opposant alternativement l’axe franco-allemand, l’entente franco-britannique ou l’amitié franco-américaine, avec des envolés lyriques qui ne convainquent plus personne tant ces mouvements de valses bilatérales sont désordonnés.
L’alternative n’est pas le renoncement, c’est un nouveau patriotisme à l’échelle de l’Europe. Un patriotisme partagé avec des voisins et des alliés qui ne demandent qu’à être persuadés, à condition que la France ne prétende pas être systématiquement au-dessus des autres.
Une France normale avec un ancrage européen renforcé, c’est peut-être là que se situe le meilleur clivage. Et parmi les candidats, il y en a un qui est décidément à la fois plus normal et plus européen que les autres, tout en étant parfaitement crédible et structuré… et qui porte le nom d’un pays européen !
Transition de pensée à la lecture de ces deux billets. L’auvergne tranquille, la pierre chaude de Volvic, Issoire aux faux airs de méridionale. Depuis un planeur la ville ressemble à une arène.
La France, disent les auvergnats, doit être gouvernée au centre. Traduction : par des gens de chez nous, des hommes de bons sens, durs à la tâche, fidèles en amitié. Des gens normaux quoi ! Et ils ajoutent avec fierté que l’Auvergne a donné plusieurs Présidents à la France : Pompidou, Giscard, Chirac, Mitterrand et voici venir le cinquième auvergnat (d’adoption de circonscription). Il en a le caractère.
La disgrâce de Sarkozy vient surtout de sa posture presque négationniste de ses origines. Sans affichage familial. Sans fidélité filiale. Sans fierté Franco-Hongroise. Sans ancrage. Pas normal quoi !
Rédigé par : hedy | 19 avril 2012 à 21:14