La petite surprise du printemps, c’est la sortie d’une version "Raids Aviation" en parallèle du bien connu "Raids", surtout réputé comme spécialiste des combats terrestres et de leurs matériels. Jean-Marc Tanguy, connu lui non comme le loup blanc mais comme le Mamouth (avec un seul « m »), a surfé sur le succès désormais établi de son blog pour se lancer dans cette nouvelle aventure, car c’en est une.
Jean-Marc signait déjà dans Raids, dont il est un des auteurs appréciés. Il a cru constater un manque dans l’information spécialisée sur l’aéronautique militaire – rappelons qu'Air & Cosmos est dual, largement ouvert sur l’aéronautique civile et commerciale à côté du militaire. Il a donc convaincu l’équipe de Raids qu’il y avait une place à occuper, et a d’emblée attaqué le numéro 1, sans passer par le traditionnel numéro zéro.
Le résultat est là, et arrive en kiosque ces jours-ci. 84 pages denses, très illustrées, quelques grands annonceurs pour soutenir ce démarrage (Dassault, Beretta, Airbus Military, Eurosatory). Parmi les rubriques, l’actualité des OPEX aériennes, unités et opérations, les forces aériennes dans le monde, quelques articles de fond : le Charles De Gaulle et ses Rafale Marine (ci-contre, photo Marine nationale), les Mirage 2000D à Manas (Kirghizistan), les drones Harfang à Bagram, l’US National Guard, les AWACS de l’armée de l’air, et un dossier très intéressant sur l’aéronavale indienne.
Quelques articles sont rédigés par des correspondants, mais un certain nombre sont des interviews ou des reportages qu’il a pris le temps de faire lui-même. D’où le style très reconnaissable, mélange de précisions ultra-techniques et de considérations personnelles, du Tanguy sans Laverdure… Pas besoin d’être spécialiste pour le suivre et embarquer avec lui sur « mon appareil », « mon AWACS », et de découvrir 10h40 de mission en vol, comme si on y était, mais heureusement résumées en quatre pages.
Une interview est très parlante, celle du chef du premier détachement de Mirage 2000D à Manas, au Kirghizistan, qui raconte l’installation et les missions, notamment la difficulté posée par les ravitailleurs américains non compatibles (avec boom et sans nacelles) en cours de mission, ainsi que les difficultés du close air support en liaison avec le FAC (contrôleur aérien avancé).
Reportage intéressant aussi, le récit de la mise en place temporaire à Bagram, suite aux événements d’Uzbeen, d’une unité de drones SIDM (système intérimaire de drone MALE) Harfang, finalement laissée en place parce que le Harfang s’est avéré indispensable. Avec l’adaptation progressive des équipements pour le porter au niveau des drones américains, l’intégration des utilisateurs (armée de terre française, Polonais Néerlandais), au niveau de la station sol pour améliorer le guidage des missions, jusqu’à son retrait du théâtre.
Sans détailler enfin tous les contenus, le grand dossier sur l’aéronavale indienne attire l’attention, car cette force « met déjà en œuvre 250 aéronefs et devrait passer à plus de 700 en 2027 ». On a tellement pris l’habitude de regarder notre nombril français, me commente le rédacteur en chef en présentant cet article, qu’on ne s’est pas rendus compte que nous étions complètement dépassés par une "aéronavale en construction" : une force avec une grande ambition, donc un marché potentiel qui n’a pas échappé aux industriels. Pour son futur avion de combat embarqué, la marine indienne a émis une demande d’information (RFI) qui intéresse notamment le F-35B de Lockheed et les versions navalisées du Saab Jas-39 Gripen et de l’Eurofighter Typhoon II (ci-dessus, photo Eurofighter), sans oublier le Rafale qui vient d’être sélectionné par la force aérienne indienne et pourrait créer des synergies pour l'entretien en cas de choix du Rafale Marine.
Raids Aviation est bimestriel… pour l’instant. Veut-il en faire un mensuel comme son frère aîné Raids ? Jean-Marc se contente de sourire, il est déjà sur ses numéros 2 et 3, à fond la caisse, et envisage déjà la suite… Même pas peur !
Bonjour monsieur Bayle,
Actuellement, il n'existe aucune version aéronavale du Typhoon. Elle n'a jamais été prévue au programme, et la structure de l'appareil n'est pas prévu pour.
S'il fallait obtenir une version Marine du biréacteur européen, alors il faudrait le modifier grandement. Le coût serait, forcément, très important. Il y a de quoi se demander si ce chasseur Delta pourrait apponter sans surface canard mobile (elles sont fixes actuellement).
Tout cela pour dire que le consortium Eurofighter vise des marchés sans avoir réellement quelque chose à proposer.
Cordialement
Rédigé par : Le marquis de Seignelay | 11 mai 2012 à 11:34
Bonjour à vous,
Une étude d'ingéniérie a été faite par BAE Systems, l'un des membres du consortium Eurofighter (avec EADS et FInmeccanica), et c'est eux qui ont produit le dessin d'artiste qui circule partout. Je n'ai aucune idée du travail de structure et du surcoût qu'une version navalisée pourrait représenter, mais je ne pense pas qu'il y ait d'impossibilité technique, si ce n'est sans doute que le PA français aurait peut-être été sous-dimensionné pour recevoir cet appareil. En revanche, ce projet de BAES, qui visait le double marché indien du chasseur Air et de l'avion de combat navalisé, a encore moins de sens à présent que l'Inde a préféré le Rafale pour son chasseur Air (pas encore de choix pour l'avion embarqué vu qu'ils en sont au RFI), mais surtout maintenant que la Royal Navy a opté pour un PA court sans catapulte...
Cordialement
Rédigé par : Pierre | 12 mai 2012 à 11:15