Il fallait un week-end des 24 heures du Mans moto pour célébrer celle qui m’a permis d’assister au Bol d’or de… 1974, la mythique Honda CB 500 Four, ma première grosse moto, que je viens de racheter en juin pour parachever ma remise en selle.
Après une 50 cc (C110) et une 125 cc (K5), déjà chez Honda, j’ai donc acheté une 4 cylindres 500 cc en juillet 1972, pour un peu moins de dix mille francs, en vert olive et noir (à gauche). Premières grandes virées nocturnes sur l’autoroute, Paris-Montpellier et Paris-Nice, premières escapades sur les routes de montagne de Corse, le rodage intensif de la moto et du motard, l’apprentissage de la mécanique et des tensions de chaîne sur le bord de la route.
J’ai gardé un petit carnet de bord avec tous les pleins, tous les péages, toutes les révisions, le détail de bidons d’huile (Castrol), bougies (NGK), chambre à air et pneus (Dunlop) , et jusqu’aux horaires de départ et d’arrivée ainsi que les étapes, me permettant de calculer la vitesse moyenne et la consommation. Un travail méthodique, intéressant parce qu’on voit évoluer la moto : échappement 4 en 1 Japauto pour remplacer les quatre pots en forme de tromblon qui s’oxydent trop vite, carénage intégral, guidons à bracelets pour remplacer un guidon large et confortable mais avec une position relevée difficile à tenir à vitesse soutenue…
Cette première quatre pattes m’emmènera partout pendant deux ans, par tous les temps, même sous la neige, et nous ferons ensemble 36.400 km sans aucun ennui grave. Nous nous quitterons à cause d’un changement de monture : le service militaire me pousse sur les blindés (EBR), dans les Forces françaises en Allemagne (FFA), et je suis obligé de m’en séparer, le cœur très gros, par une petite annonce qui sonne comme un faire-part : « urgent cause O.M. 500 Honda 1072 – 4/1 Japauto – Bi-iode, moteur ref. neuf factures - 7.500 F. »
Ce ne pouvait être qu’une interruption, et une tentative familiale de me transformer en "caisseux", avec une Renault R16, superbe mais encombrante, se termina par l’achat libérateur d’une deuxième 500 Four, couleur vieil or et trouvée sur la Centrale des particuliers. D’où mon émotion lorsqu’en juin dernier j’ai trouvé la même en vente sur le site www.anciennes.net, comme un indispensable retour aux sources.
Nous passerons deux années ensemble, comme pour la première, mais ma vocation de grand voyageur finira par se lasser d’une chaîne à retendre tous les 500 km, surtout sous la pluie, et d’un moteur finalement assez modeste pour les longues virées autoroutières - et avec des carburateurs parfois capricieux : qu’un boisseau se bloque, et c’est l’essence qui coule tranquillement sur le moteur…
Ma carrière de motard se poursuivra du côté de BMW avec deux 1000 cc, d’abord une R100/7 "naked", puis une deuxième R100/7 mais en version C, avec le carénage de la RS. Ensuite ma carrière sera bousculée par la vie professionnelle et mes expatriations, et le chemin du deux roues reprendra beaucoup plus tard pour un second cycle, après une longue interruption, par une Yamaha 125 TD, une Honda Two-Fifty, une Suzuki 650, une Guzzi Breva 750 et deux motos de collection, une MV Agusta 150 RS de 1961 (que j’ai toujours) et une Guzzi V7 Sport de 1972 (ci-dessus à gauche)… Ce second cycle, je l'ai déjà raconté sur ce blog, s'est arrêté il y a quatre ans lorsque deux accidents consécutifs m'ont durablement et douloureusement refroidi, non pas vis à vis de la moto mais vis à vis des conducteurs incosncients et de plus en plus irresponsables (à droite, la Breva après son deucième accident).
Revenir à la Honda 500 Four, c’était donc refermer la boucle et redécouvrir ces premières sensations uniques d’un moteur équilibré, souple car disponible à tous les régimes, aussi à l’aise en ville que sur route. Mais ça, c’est la théorie : le motard senior que je suis se sent toujours aussi peu l’aise sur le périphérique et sur autoroute, avec en CB 500 un manque de reprise et surtout un freinage très symbolique avec un frein à un seul disque à l’avant, et un disque lisse (voir ci-dessus) donc sensible à la pluie…
La réponse est facile, je l'entends déjà : c’est le motard qui est obsolète, pas seulement la vénérable moto qui est de 1975. Pas certain... Et pas sûr que l'histoire s'arrête là. La différence entre le cercle et la spirale c'est qu'un cercle reste fermé alors qu'une spirale se poursuit indéfiniment. Pourquoi pas un troisième cycle, après les deux premiers ? Je m'en voudrais d'avoir abandonné Moto Guzzi sur un malentendu, il faudra que je retourne voir de ce côté-là. Le reste n'est qu'un problème de carburateur et de durites, je parle du pilote, bien entendu...
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