L’aile Delta a été un des facteurs les plus innovants de l’aéronautique, et continue à stimuler imagination et innovation, ce qui a donné cet étonnant prototype développé par Nissan et qui a couru pendant six heures hors compétition, cette année aux 24 heures du Mans, avant de devoir s’arrêter à cause d’une banale collision.
Le constructeur japonais a en effet mis au point le seul avion à aile Delta qui ne décolle pas mais roule à 300 km/h, pour la moitié du poids des voitures de compétition actuelles, soit 475 kg (la moitié de ce qu'autorise le règlement), la moitié de leur consommation grâce à son petit moteur d'1,6 L turbo, celui de la Nissan Juke, et un coefficient de pénétration de 0,24, quand ses concurrentes sont à environ 0,50… tout simplement ! La Delta Wing utilise un nouveau matériau composite, le REAMS (Recyclable, Énergie, Absorbant, Matrice, Système), avec une coque d’un seul tenant.
Invité par l’Automobile Club de France à l’initiative d’Antar Daouk et du président de l'ACF Robert Panhard, le président de Nissan West-Europe, le Canadien Pierre Boutin, est venu place de la Concorde avec ses deux derniers bolides, exceptionnellement garés en double file devant le Crillon et l’ACF pour le plus grand plaisir des touristes.
Ayant eu comme quelques autres la chance de prendre le volant de la Delta Wing, j’ai fermé les yeux pour faire un tour rapide de la place de la Concorde tout en regrettant de devoir me contenter d’un pilotage virtuel – mais Nissan mise beaucoup sur le rêve et le virtuel, j’en parlerai plus loin à propos de la GT Academy.
Le poste de pilotage s’enfile comme un cockpit sans verrière, très étroit, et on a devant soi un museau étonnamment étroit, sans roues apparentes: les deux roues avant disparaissent dans le chassis étroit, contrairement à l’habitude d’un empattement large sur les voitures de compétition. Le représentant de Michelin a eu l’occasion d’expliquer que ces roues étaient un petit succès en matière d’innovation puisqu’elles ont une section de 10 cm, l’équivalent de la roue d’une Deux Chevaux Citroën, contre une trentaine habituellement, et qu’elles pèsent 5 kg contre 13 pour un pneu traditionnel.
Michelin North-America a du reste fait partie de l’équipe de conception dirigée par le designer Ben Bowlby, L’industriel et spécialiste de la compétition Don Panoz, l’ancien pilote de F1 Dan Gurney et le pilote Duncan Dayton. Après les premiers essais interrompus au Mans, la Delta Wing est engagée le week-end prochain au “Petit Mans” à Road Atlanta, avec ses nouveaux pilotes l’Espagnol Lucas Ordonez et l’Américain Gunnar Jeannette. Ce dernier a fait une sortie de piste spectaculaire avec un tonneau mercredi aux essais, mais les mécaniciens du team étaient là lui permettre d’être au départ de la compétition samedi… Le numéro “zéro” du prototype est très attendu du public.
Lucas Ordonez est arrivé à la compétition par les simulateurs, ayant gagné à la sélection de la GT Academy. Un concept étonnant puisque, grâce à un partenariat avec Play Station, Nissan participe à l’organisation de compétitions virtuelles suffisamment réalistes pour que les jeunes pilotes se voient confier ensuite une vraie voiture.
Egalement exposée à la Concorde, l’Oreca Nissan de l’équipe Signatech N°23 (ci-dessus à gauche), belle réalisation technologique qui, par un étonnant contraste, apparaissait massive par rapport au proto Delta Wing (de dos à droite).
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