Artiste anglo-argentin, Seb James est devenu peintre des rues après avoir étudié la gravure et l’illustration à l’école Estienne à Paris. A partir de cartes postales du début du siècle dernier, il a commencé à réaliser des fresques à la demande de certaines communes des Hauts de Seine, et vient de terminer la décoration d’un transformateur électrique à Meudon Bellevue après avoir décoré, notamment, le dessous d’un pont de circulation à Sèvres.
Sèvres compte quelque quatorze fresques murales tellement bien ancrées dans le paysage que les Sévriens les remarquent à peine, et à Meudon le transformateur EDF à peine terminé la semaine dernière n’a pas encore vraiment été remarqué par les ménagères pressées de Bellevue qui sortent du marché chargées de sacs de légumes…
Justement, Seb préfère la discrétion et se concentre sur son travail, tout en répondant aux questions avec un grand sourire. Sa technique est de dessiner au trait noir le dessin inspiré par une photo de carte postale ancienne, puis de mettre de la couleur à la brosse de façon légère, comme un aquarelliste qu’il est.
Son dessin est original pour qui sait fouiller les détails : après s’être inspiré de la carte postale qu’il colle sur un coin du mur sous un plastique, il ajoute des personnages qui sont très vivants, comme le chef de gare de Bellevue, ou des détails insolites. Il redonne ainsi de l’humain aux photos des cartes postales, et n’oublie pas de terminer son œuvre en la timbrant à vingt centimes d’époque.
Inspiration personnelle ou suggestion des mairies, l’artiste s’arrange pour que ses scènes de rue prolongent ou s’intègrent au paysage réel. A Sèvres, la fresque peinte sur les piles du pont qui enjambe l'avenue de l'Europe fait coïncider un garage d’époque pour cycles et automobiles avec la station service BP, juste à côté du pont, tandis que sur le mur d’en face les voitures qui sortent du parking s’insèrent dans la Grand Rue peinte sur le mur.
Il paraît que Seb James est connu, et que son travail commence à s’exporter. Il le mérite, mais pour l’instant sa place est vraiment dans cette banlieue parisienne qu’il aime et qu’il contribue à rendre plus vivante en lui redonnant ses racines, les souvenirs d’un passé centenaire et encore très présent. Il a un site internet qui vaut la visite, mais qui est très incomplet : il n’a pas pris le temps de photographier et mettre en ligne ses fresques murales. Une bonne occasion pour que les municipalités organisent des chasses au trésor pour les découvrir !
J'ai demandé à Seb James s'il ne redoutait pas, dans la concurrence du Street Art, de voir ses fresques gâchées par des taggueurs. Il m'a dit qu'il mettait un vernis spécial. En fait, pour l'instant les artistes urbains pratiquent une certaine urbanité entre eux, et le travail de Seb est respecté : un signe de réussite...
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