Ce blog ne faisant jamais de publicité – il n’y a du reste aucune bannière publicitaire – je peux me permettre de partager librement, et uniquement pour mes amis, des coups de cœur et des rencontres remarquables. C’était le cas pour Calamoresca en Toscane, ce l’est aujourd’hui pour la Posada La Mariquinta, une ancienne maison coloniale au cœur de Xalapa, classée monument historique et transformée en hôtel de charme, un peu le système des paradores espagnols mais en plus intime et plus inaccessible : Xalapa n’est pas sur les circuits touristiques classiques du Mexique, pourtant c’est un petit bijou au pied du pic d’Orizaba.
Et c’est tellement mieux que ce soit inaccessible ! Pendant que des dizaines de milliers de touristes se bousculent sur les plages et dans les hôtels au standard américain de Cancun, Xalapa est une heureuse capitale aux ressources étendues, ville universitaire et jeune, ville aux douze musées (voir note précédente), ville métisse fière de son héritage indien tout en étant très moderne, au milieu d’une région à la nature luxuriante. Un Mexique tranquille et authentique dont on ne lasse pas.
Mais d’abord la Posada La Mariquinta, une découverte faite grâce à de vrais amis xalapenos. C’est un grand bâtiment de marchand espagnol à l’époque coloniale, avec les entrepôts au rez-de-chaussée d’une rue en pente et la partie habitée au-dessus, autour d’un jardin intérieur, avec une rampe d’accès pour permettre aux chevaux d’accéder à la cour intérieure. Une sorte de caravansérail.
Des murs très épais protègent de la chaleur des salles de réception très hautes de plafond avec quelques meubles anciens, les chambres individuelles entourent le jardin, toutes différentes et totalement privées, avec de petits escaliers ornés de céramique et des tables et sièges en fonte dans le jardin.
Cet ensemble très original a été racheté au début du vingtième siècle par un ingénieur Boone, un Américain venu ici construire une ligne de chemin de fer entre Xalapa et Xico et qui y est enraciné. A son tour il a cédé la maison à une artiste française, Marie-Louise Ferrari, elle aussi amoureuse de la région après avoir rencontré un Xalapeno dans un congrès en France, et celle-ci y a installé une Alliance française, ce qui explique qu’une des grandes salles de réception ait été transformée en bibliothèque.
L’Alliance française, grâce à laquelle elle a enseigné le Français poendant vingt aux jeunes de la ville,a par la suite été déménagée dans des nouveaux locaux de la ville, mais l’artiste française a gardé ce « coin de France » pour elle, son atelier et ses collections car elle accueillait aussi beaucoup de peintres qui y exposaient et laissaient une œuvre comme prix de la manifestation. Le salon et la bibliothèque sont ainsi devenus de petits musées d’art contemporain avec des œuvres très diverses.
Et pourquoi parler de coin de France alors que les œuvres sont très cosmopolites ? Parce que le neveu de cette artiste, qui a repris la maison et l’a transformée en hôtel de charme - grâce à sa femme mexicaine qu est architecte - s’appelle Jean-Luc de France, tout simplement… Les Mexicains, raconte cet ancien soixante-huitard diplômé en sciences humaines, n’ont eu aucun mal à retenir son nom !
Les chambres sont toutes différentes, certaines sont organisées en petit appartement avec cuisine, mais il faut demander la suite tout en haut, qui domine la cour-jardin et a une vue sur la ville et les montagnes alentour, avec une jolie mezzanine à l’intérieur.
Et une fois visité Xalapa, quel intérêt de rester là ? Tout simplement la région. Si les touristes qui vont à Orizaba s’occupent essentiellement d’escalader le pic, on les reconnaît à leurs cordes, leur matériel et leur air concentré (il y a régulièrement des morts sur cette montagne qui n’est facile que d’apparence), ceux qui viennent à Xalapa ont accès à des ressources très variées, des plus sportives aux plus tranquilles.
En commençant par le berceau de la harpe de Veracruz, à Coatepec, où l’on peut aller écouter de très bons musiciens dans le restaurant « la Estacion del ferrocarril », puis en continuant par la petite ville de Xico, un décor de film dans un décor naturel très riche, où tout semble fonctionner à un rythme ralenti.
La nature alentour offre également des balades dans une forêt luxuriante à la limite des champs de caféiers qui poussent à l’abri des bananiers. Entre l’humidité de la montagne où l’eau est abondante, et la fertilité d’une terre volcanique, c’est une explosion permanente de fruits, de légumes et de fleurs.
On peut marcher jusqu’aux cascades (baignade interdite, la chute serait mortelle), mais les amateurs de risque peuvent trouver des descentes en rappel organisées par des guides avec harnais et matériel de qualité, ainsi que des parcours de rafting dans des eaux de montagne très fraîches. Exactement le contraire du cliché du Mexique poussiéreux et sec avec de grands cactus tel qu’on le voit dans les Westerns.
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