Etonnante cérémonie mercredi à l’UNESCO où le président français François Hollande s’est vu décerner, à l’unanimité, le prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, pour avoir lancé une opération militaire de sauvetage à l’appel des autorités maliennes en janvier dernier, l’opération Serval.
Le président Français, entouré de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique francophone, du président du prix Houphouët-Boigny l’ancien premier ministre portugais Mario Soares, et de la directrice générale de l’UNESCO Irina Bokova, a reçu un hommage explicite pour l’intervention qui a permis d’éviter in extremis à Bamako de tomber aux mains de “la barbarie et de l’obscurantisme”. Une intervention qui, pour le protecteur du prix Houphouët-Boigny, l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié, “a libéré des populations entières d’une agression terroriste qui menaçait la sécurité de tous les peuples du Sahel”.
La directrice générale de l’UNESCO a affirmé que “ce qui a été attaqué à Tombouctou, ce n’était pas uniquement le patrimoine d’une région ou d’un peuple, il s’agissait de patrimoine mondial”. Et d’ajouter aussitôt : “L’UNESCO va reconstruire les mausolées du Mali”.
Pour l’ancien président du Sénégal Abdou Diouf, secrétaire général de l’organisation internationale de la francophonie et parrain du prix, “le courage c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; et comprendre le réel, c’est comprendre que nous sommes tous des Maliens quand les Maliens sont attaqués”. Le président sénégalais a formulé le voeu que “ce courage dont vous avez fait preuve soit une source d’inspiration pour tous”.
Evoquant la solidarité des pays voisins pour aider le Mali à surmonter l'agression terroriste, le président ivoirien Alassane Ouattara a cité un proverbe africain qui dit : “si vous n’aidez pas votre voisin à éteindre le feu qui brûle sa case, la vôtre ne sera pas épargnée”.
Le président Doncounda Traoré du Mali, lisant une citation d’un Français sur Tombouctou, a dévoilé son auteur : “ce n’est pas le président Hollande, c’était René Caillé en 1828… la nôtre est une si longue histoire, la France est restée, elle reste avec nous et elle fait en sorte que tous les autres viennent”, pour faire pièce aux “forces sanguinaires venues tuer l’Islam, notre Islam à nous qui est pacifique”.
Un message de félicitation du premier ministre britannique Cameron a été lu, affirmant que le Royaume Uni soutient pleinement les efforts de la France pour la stabilisation de la situation au Mali, et estimant que cette récompense était méritée et opportune.
Répondant à ce concert d’éloges pour la France et pour ses armées, la France “libératrice, solidaire et fraternelle”, le président de la république a souligné dans un long discours que “c’est la faiblesse qui aurait été coupable, c’est la force qui était légitime”. Il a rappelé l’urgence de cette intervention : “face à la haine, on se devait d’intervenir… tout retard aurait été désastreux”.
Il a rappelé aussi que des dizaines de milliers d’Africains sont morts sur les champs de bataille en France au cours des deux guerres mondiales, et que la France a comme une dette historique envers ces combattants dont beaucoup ont été méconnus ou injustement traités. “C’était la moindre des choses de leur porter secours en Afrique”, a-t-il dit en ajoutant qu’un effort mémoriel important serait fait en France pour rappeler le sacrifice des soldats africains .
Enfin sur les mpotivations de la France, il est revenu sur les grandes valeurs qui fondent la démocratie française : "c’est pour les femmes que la France est intervenue, c’est pour les enfants, c’est pour la justice. Il a affirmé que les élections prévues pour juillet prochain devaient se dérouler “dans tout le Mali, dans toutes les villes du Mali, donc à Kidal, comme partout au Mali”. suscitant des applaudissements nourris, qui ont repris quand il a poursuivi : “et aucun groupe armé ne peut rester armé au Mali”. Le président français a annoncé enfin qu’il partageait le prix (de 150.000 dollars) entre une organisation d’aide aux femmes africaines et l’association Solidarité défense qui vient en aide aux militaires français blessés ou morts au combat et à leurs familles.
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